Niger: les militaires n’ont pas tremblé face à « l’ultimatum », la CEDEAO soutenue par la France plus que jamais divisée (décryptage)

L’ultimatum de sept jours donné par le bloc ouest-africain (CEDEAO) qui s’est dit prêt à intervenir militairement au Niger pour déloger les « putschistes » et « rétablir le président élu démocratiquement », Mohamed Bazoum, a pris fin hier soir, mais jusqu’à l’écriture de ces lignes, aucune intervention n’a été signalée.

Alors que l’ultimatum touchait à sa fin, les nouvelles autorités de Niamey, menées par le général Abdourahmane Tchiani, ancien chef de la garde présidentielle depuis 2011, ont annoncé la fermeture de l’espace aérien précisant précisent que « toute tentative de violation de l’espace aérien » entraînera « une riposte énergique et instantanée ». Dans un communiqué, ils ont aussi prévenu que « Tout État impliqué sera considéré comme cobelligérant. »

Hier soir, des « brigades de veille » ont été déployées au niveau des sites névralgiques de la capitale Niamey, et les premiers contingents des armées du Mali et du Burkina Faso étaient arrivés en renfort et se tenaient prêtes à « riposter » à toute intervention contre le Niger.

Ces développements, conjugués à l’arrivée d’un avion cargo russe transportant des miliciens du groupe Wagner, sont intervenus alors que des fissures se sont manifestées dans le bloc ouest-africain (CEDEAO), soutenu par la France. Au Nigeria notamment, les sénateurs ont rejeté l’intervention militaire au Niger, qualifiée de « pire scénario » pour toute la région. Le spectre d’une « Libye Bis » au Niger fait craindre le pire dans la sous-région du Sahel, déjà minée par le terrorisme et une intervenue militaire est rejetée vivement par les peuples africains déjà excédés par la prédation française.

Est-ce un hasard si le slogan « Dégage la France » résonne de plus en fort au Niger, et partout en Afrique?

C’est un secret de polichinelle: la France ne « se bat » pas pour la démocratie mais pour ses « intérêts » au Niger, notamment l’uranium que le groupe « Orano » (multinationale détenue par l’État français) exploite depuis un demi-siècle.