Dans Sa réponse à la lettre du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, le Roi Mohammed VI a été on ne peut plus clair et précis. Après avoir salué la décision « juste » et « perspicace » de l’Etat d’Israël de reconnaître la souveraineté du Maroc sur ses Provinces sahariennes, le Souverain, à la fin de Sa réponse à la lettre du Chef de l’Exécutif israélien, a affirmé: « Comme Je Vous ai indiqué lors de notre entretien téléphonique du 25 décembre 2020, Vous êtes le bienvenu pour effectuer une visite au Maroc, à des dates à Notre meilleure convenance mutuelle, à définir par la voie diplomatique ». Cette rencontre « permettra d’ouvrir de nouvelles possibilités pour les relations bilatérales entre le Maroc et Israël » et « sera, aussi, une occasion pour promouvoir les perspectives de la paix pour tous les peuples de la région, ayant à l’esprit le contenu de la Déclaration tripartie signée le 22 décembre 2020 entre le Royaume du Maroc, les Etats-Unis d’Amérique et l’Etat d’Israël, y compris en ce qui concerne les principes devant guider la résolution du conflit israélo-palestinien », a précisé le Souverain.
S’agissant de la reconnaissance par Israël de la marocanité du Sahara, tout comme d’ailleurs celle des Etats-Unis, des quinze pays européens soutenant le plan d’autonomie marocain, ou encore des vingt-huit pas africains, arabes et latino-américains ayant ouvert des consulats au Sahara marocain, est à interpréter comme « un juste retour des choses ». Ceux qui tentent misérablement de faire accréditer la théorie fumeuse, de surcroît ridicule, selon laquelle le Royaume aurait « troqué » la cause palestinienne contre la reconnaissance de la marocanité du Sahara, se trompent de « cause » et… d’adresse!!!
Hissons alors le débat au-delà de ces polémiques stériles et insensées, au demeurant malveillantes et malsaines. La relation maroco-israélienne offre, aujourd’hui plus que tout autre temps, une réelle opportunité pour sortir le conflit israélo-palestinien de l’impasse et baliser la voie vers un retour au dialogue pour solder ce conflit, épicentre des principales fractures stratégiques de la région Moyen Orient-Afrique du Nord (MENA), voire le globe tout entier.
C’est dans cet esprit constructif qu’il faut lire le message du Roi, président du Comité Al-Qods. L’invitation du Roi au Premier ministre israélien excipe de l’intime conviction du Royaume, qui a toujours élevé la paix au rang de choix stratégique. Un choix qui nous sort de la logique infructueuse et dangereuse de la confrontation, qui n’a d’ailleurs jamais apporté que destruction et drames inutiles. La paix israélo-palestinienne se construit par le dialogue et non par des slogans belliqueux, au demeurant creux et infructueux.
La nouvelle relation maroco-israélienne, au-delà des bénéfices qui peuvent être tirées de part et d’autre, est une opportunité historique pour un règlement pacifique du conflit israélo-palestinien. Le Maroc est le mieux placé aujourd’hui pour jouer ce rôle crucial. En effet, le Maroc a l’écoute aussi bien des Israéliens que des Palestiniens. Côté israélien, il jouit d’un réel capital affectif auprès aussi bien des décideurs que de la population israélienne, 1 million d’Israéliens étant d’origine marocaine. Idem pour les Palestiniens, qui apprécient hautement l’action solidaire et agissante du Souverain, en faveur de la Palestine (restauration de la ville Al-Qods, hôpital, aéroport et routes à Gaza, etc).
Entre les bâtisseurs et la démolisseurs, c’est le jour et la nuit.
C’est dans ce sens constructif qu’il faut lire l’invitation du Roi, qui n’est pas « inédite ». En effet, ce n’est pas la première fois que des dirigeants israéliens sont invités à se rendre dans des pays arabes. Durant les derniers mois de 2023, Benyamin Netanyahu a effectué deux visites en Egypte et en Jordanie et son prédécesseur, Naftali Bennett, s’était rendu aussi bien aux Emirats arabes unis qu’au Bahreïn, sans que cela ait fait réagir les chahuteurs auto-désignés « avocats » de la cause palestinienne.
Maintenant que l’invitation est adressée par le Roi Mohammed VI, les voilà ruer dans les brancards. Cette gesticulation dénote non d’un quelconque intérêt pour la question palestinienne mais de la « peur » que le règlement de cette question passe nécessairement par Rabat.