A deux semaines des législatives espagnoles, prévues le 23 juillet courant, le président du Parti populaire espagnol, Alberto Núñez Feijóo, multiplie les appels du pied en direction du Maroc. Après avoir assuré, dans une interview lundi 3 juillet à la chaîne de télévision espagnole Telecinco, que s’il arrivait au palais présidentiel de la Moncloa, « ma première priorité serait d’établir une relation excellente avec le Maroc », le voilà déclarer, hier jeudi au quotidien « Okdiario.com », que, s’il était élu président du gouvernement, « ma première destination à l’étranger serait le Maroc ».
Il faut aussi noter que, dans son programme électoral, le parti libéral-conservateur a marqué noir sur blanc cette préférence pour le Maroc, cité avant l’Algérie, en faisant, une fois n’est pas coutume, table rase du pseudo-« principe d’autodétermination » prôné par Alger le « polisario ».
Pourtant, le chef du parti de droite avait vivement critiqué la nouvelle position espagnole reconnaissant le bien-fondé du plan d’autonomie marocain, comme cela été formalisé dans la Déclaration conjointe adoptée le 7 avril 2022, lors de la visite du socialiste Pedro Sanchez à Rabat.
S’agit-il d’une « tactique » électorale destinée à séduire l’électorat marocain (870.000 Marocains) ou d’une réelle volonté de la part du PP d’aller de l’avant dans la mise en œuvre de la feuille de route bilatérale, mise en place en avril dernier?
A toutes fins utiles, il faut noter que le PP a été le grand vainqueur des Municipales et des Régionales du 28 mai dernier. Il est d’ailleurs donné grand favori des législatives du 23 juillet courant. Ses appels du pied à destination du Maroc, pourraient être interprétés comme une tentative de séduction à l’intention des Marocains, première communauté étrangère naturalisée en Espagne. Il est légitime que le PP, tout comme le PSOE, flirtent avec les ressortissants marocains, lesquels vont certainement peser sur le prochain scrutin législatif.
Or, il serait simpliste de réduire ce « flirt » à son seul et unique enjeu électoral. Le PP, s’il accédait au pouvoir, serait appelé à faire preuve de realpolitik, fondement des relations internationales. On imagine donc mal ce parti gouverner avec des slogans idéologiques, sans mettre en danger les intérêts espagnols au Maroc, partenaire commercial le plus important de l’Espagne en Afrique. 669 entreprises espagnoles détiennent au moins 10% du capital d’entreprises marocaines et 524 entreprises marocaines sont des filiales d’entreprises espagnoles.
Le Maroc est l' »allié fondamental » non seulement pour le développement économique de l’Espagne, mais aussi – et ce n’est pas anodin- pour sa sécurité et dans la gestion de l’immigration. Lors du premier trimestre de 2023, les arrivées de migrants irréguliers ont chuté de 63% aux îles Canaries, tandis qu’en Grèce et en Italie, elles ont augmenté de 95% et de 300% respectivement. Au-de de l’immigration, le Maroc et l’Espagne entretiennent une coopération exemplaire en matière de lutte antiterroriste.
Les relations internationales, c’est une question d’intérêts, et nullement de slogans idéologiques. Une réalité que le PP, s’il était élu à la tête de l’Exécutif, ne manquerait pas de traduire par des actes concrets sur le terrain.
Le reste n’est évidemment que mauvaise littérature.
Qu’en pense l’Algérie et son proxit séparatiste, ou ce qu’il en reste?