Prix Orion Maroc de la littérature: Mamoun Lahbabi rafle le Grand Prix 2023

Par Abdelhak Najib*

La cérémonie de la remise des prix littéraires Orion Maroc a eu lieu le 8 juin 2023, au Complexe Culturel Anfa, en présence d’une belle brochette d’auteurs marocains, arabes et africains dont les œuvres ont fait partie de la liste des concurrents pour la première édition de ce prix lancé par Les Éditions Orion, AGH et Orion Productions.

L’ambiance est digne des grandes messes dédiées à au livre et à la littérature, avec une assistance de choix, des aficionados en grand nombre (Plus de 3000 personnes ont assisté à ces premières journées littéraires de Casablanca) et plus de 30 auteurs du Maroc, d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Europe. Roman, philosophie, poésie, essais, sciences, en arabe, en français et en anglais, plusieurs œuvres ont fait partie de la liste finale validée par un jury de 10 connaisseurs issus du monde du livre, des universitaires, des réalisateurs de cinéma, des artistes plasticiens et des professeurs de médecins et chercheurs qui se sont penchés sur 50 ouvrages en lice pour le prix final.

 

 

Cette première édition a été marquée par un grand hommage rendu à Feu Abdallah El Amrani, grand journaliste et grand romancier, qui nous a quittés en mars 2023. Les Éditions Orion et leurs partenaires ont tenu à placer ces prix sous le signe de la reconnaissance en rappelant l’excellent parcours d’un homme de lettres et d’une des plus grandes figures des médias au Maroc. Un homme de culture, un homme encyclopédique, d’une grande ouverture d’esprit et de cœur qui nous a laissé sa trajectoire en héritage pour nous et pour les générations futures. Le Prix de l’hommage à Feu Abdellah El Amrani a été reçu par son ami et son collaborateur de plus de 20 ans, Taoufik Bennani, qui a témoigné de toute la générosité du défunt qui a laissé derrière lui un journal nommé La Vérité, comme un signe de la quête infinie de ce grand homme.

Au niveau des prix littéraires de cette soirée, sans grande surprise, C’est le grand écrivain marocain, Mamoun Lahbabi qui a été sacré romancier de l’année en recevant le Grand Prix Orion Maroc pour ces deux romans publiés en 2022-2023 : «La rencontre» (Deux éditions déjà) et « De peine et de cendre ».

L’auteur qui compte à son actif pas moins de vingt romans a aussi publié de nombreux ouvrages scientifiques en tant qu’universitaire. Sa constance, son travail assidu, la qualité de ses romans ont mené le jury, à l’unanimité, à voir en lui, sans conteste, le porte-flambeau de la littérature francophone marocaine actuelle.

Pour le prix de la science, il est naturellement revenu à Docteur Imane Kendili, auteur de plusieurs ouvrages scientifiques d’une grande actualité : « Cannabis, ce qu’en dit la science » qui est déjà à sa troisième édition en l’espace d’une année ; « Les drogues expliqués à mes enfants» en arabe et en français, un best-seller de belle facture, sans oublier « Covid-19: le livre blanc » en deux éditions aussi, « Coronavirus, la fin d’un monde », « Réduction des risques: le manifeste » en deux éditions et en trois langue, français, arabe et anglais, «Haute autorité de la santé» également en français et en anglais et préface par le ministre de la Santé et de la Protection sociale Khalid Aït Taleb. Une œuvre scientifique qui se démarque par sa rigueur et par sa variété impliquant également plusieurs collaborateurs marocains et étrangers des quatre coins de la planète.

En ce qui se réfère au prix de la poésie, c’est la poétesse syrienne Aïcha Al Khedr Luna Amer, qui a eu le grand prix pour son dernier recueil: « Pluie : une lecture horizontale », un très beau recueil en arabe qui consacré le travail de longue haleine de cette dame de lettres très connue en Orient et en Turquie où elle a élu domicile après la guerre en Syrie. Ce prix est aussi un hommage au combat d’une femme hors du commun qui lutte avec acharnement contre la barbarie humaine quelles que puissent être ses origines et ses manifestations.

Pour le prix du roman, c’est une récompense ex-aequo qui a distingué les travaux de l’écrivain et plasticien Omar Berrada pour son roman: « Richard, cœur de loup », déjà à sa deuxième édition en huit mois. C’est dire le grand succès de cette œuvre à la fois actuelle et profonde. L’autre gagnant est l’écrivain et enseignant, Mustapha Guiliz, pour son dernier roman: « Les hommes de la nuit », qui vient concrétiser la qualité de son autre roman « Le monde d’Ibrahim ». Le jury a salué ici la qualité de l’œuvre et sa pertinence littéraire au niveau de la construction, de la narration et de la langue utilisée pour nous offrir une histoire poignante.
Au niveau de l’essai, c’est l’écrivain et universitaire Mounir Serhani qui a reçu le prix de l’essai pour son ouvrage intitulé : « Averroès ».

Cette cérémonie n’a pas consacré que des écrivains et des penseurs mais également des artistes avec le Prix de l’artiste de l’année décerné à la grande violoniste marocaine, Monia Rizkallah, cheffe d’attaque de l’Opéra de Berlin, un grand nom de la musique classique mondiale, fondatrice du grand événement Al Akademiya qui met en lumière tout le potentiel des jeunes marocains en termes de musique classique, avec l’organisation de plusieurs concerts à Fès et à Dakhla, pour mettre sur pied une autre façon de promouvoir les arts et la culture dont ce qu’ils ont de beau et de noble. Un Grand prix qui salue également l’engagement sans faille de l’une des plus grandes ambassadrices des Arts marocains, à travers le monde.

Dans le même esprit, ces Premières journées littéraires de Casablanca ont honoré l’artiste et créatrice de mode, Nadia Chellaoui, sacrée, meilleure créatrice de l’année pour l’ensemble de ses réalisations marquées par un rayonnement mondial grâce à la série Netflix : Emily In Paris où figure l’une des créations de l’artiste marocaine.

Ceci sans oublier une série d’hommages rendus à plusieurs figures de la littérature marocaine telle que Professeur Mekki Touhami, auteur de l’excellent: « Intifado Dakira » aux Éditions Afrique-Orient ; Jean-François Clément et son essai critique: « Dessinateurs et peintres de chevalets au Maroc au XVIe et XVIIe siècles », aux Éditions Les Infréquentables. Hanae Mikou et son recueil: « 3la 3tabati Arrou7», Karima Alaoui Soulaïmani et son livre: « Mots et lumière », Jean Zaganiaris et son excellent roman: « Dieu nous a créés éternels », Mohsin Berrada et son essai: « La corruption expliquée aux jeunes » et Mohamed Charif d’Ouazzane pour sa première œuvre: « Le pied ». Sans oublier le dernier roman de Allaoui Bensad Baaya, intitulé « Jarima ».

Un clap de fin pour marquer la clôture de cette première édition des prix littéraires Orion Maroc dont la journée de clôture a été marquée par un hommage à Jean-Pierre Millecam, grand ami du Maroc et auteur de « Sous dix couches de ténèbres », aux Éditions Ovadia, « Années roses pour l’hiver » aux Éditions Pierre-Guillaume de Roux ou encore « Un vol de chimère » aux Éditions Gallimard.

*Ecrivain-journaliste