Le Maroc a-t-il frôlé la catastrophe en 2022? Le constat est sans appel: 2022 a été la pire année de sécheresse qu’ait connue le Royaume depuis près de quarante ans. Comment le Royaume a-t-il donc pu éviter le pire? C’est la principale question à laquelle le DG de l’ONEE, Abderrahim EL HAFIDI, a répondu hier mercredi à Rabat, lors d’une rencontre avec la Fédération marocaine des Médias (FMM).
« Le Maroc n’a (évidemment) pas attendu l’arrivée de cette nouvelle vague de sécheresse pour agir », a assuré l’ancien Secrétaire général du ministère des Energies et des Mines. « Le Maroc a été l’un des premiers pays au monde à avoir anticipé la problématique du stress hydrique », a-t-il souligné, en rappelant le mémorable discours de SM le Roi Mohammed VI, à l’occasion du neuvième Conseil supérieur de l’Eau et du Climat, tenu à Agadir le 21 juin 2001. « Les effets pervers de (la sécheresse) auraient pu être plus graves pour notre économie et pour l’équilibre de notre écosystème, sans la politique éclairée de l’eau, conduite par Notre vénéré père – que Dieu l’ait en Sa Sainte miséricorde -, politique qui a amené le Conseil mondial de l’eau à attribuer le nom de Hassan II au prix international le plus prestigieux qui consacre la meilleure œuvre mondiale dans le domaine hydraulique », avait en effet affirmé le Souverain. « Grâce à cette vision, le Maroc dispose actuellement de 152 barrages d’une capacité globale de 20 milliards mètres cubes (m3) », a mis en avant M. EL HAFIDI.
« Le Maroc dispose également d’une dizaine de stations de dessalement d’eau de mer, dont quatre ont été construites durant les quatre dernières années à Agadir, Al Hoceima, Laâyoune et Tarfaya », a-t-il par ailleurs souligné, assurant que la station de dessalement de Casablanca sera livrée en 2026.
Et ce n’est pas tout. Le Maroc se positionne actuellement en tant que leader mondial sur les énergies renouvelables (40% d’électricité sont produits actuellement à base d’éolien et de solaire) et, à terme, sur l’hydrogène vert, une solution d’avenir qui permettra au Maroc de se passer totalement du gaz pour répondre à ses besoins énergétiques.
Seulement voilà, il faut bien se garder de dormir sur ses lauriers, prévient M. EL HAFIDI, épinglant au passage certaines fâcheuses habitudes de consommation d’eau potable et… d’électricité. « La hausse du coût de production d’électricité n’a pas été répercutée sur les prix de vente », a-t-il fait constater, relevant que cela n’a pas été le cas en Europe, notamment en Italie, Espagne et Portugal, où les factures d’électricité des ménages ont crû de 20% en 2022.
Robinets intelligents, recyclage des eaux usées… ces nouveaux leviers contre les futures sécheresses
« Le citoyen marocain, lorsqu’il ouvre le robinet, consomme uniquement 5 à 15% de la quantité d’eau, alors que 85% est gaspillée », a fait remarquer M. El Hafidi, assurant que l’ONEE se penche actuellement sur l’élaboration de solutions alternatives au mode de consommation classique de l’eau potable. « Nous oeuvrons de concert avec des sociétés nationales pour la fabrication de robinets économes et intelligents », a-t-il annoncé, ajoutant que l’ONEE travaille également sur la mise en place d’un autre système intelligent pour la réutilisation des eaux usées à des fins ménagères, voire l’irrigation des espaces verts, comme c’est le cas déjà dans la capitale du Royaume, Rabat.
Tout bien considéré, une approche visionnaire qui vaut aujourd’hui au Maroc le statut enviable de référence mondiale sur une question aussi vitale et stratégique que l’or bleu.