Nous rejetons avec force la tentative de suicide de l’artiste Ahmed Jawad hier devant le siège du ministère de la Culture, à Rabat. Avec la même force, nous rejetons la manière inéquitable avec laquelle l’aide publique aux arts et à la culture est distribuée. Ceux qui ont connu de près Ahmed Jawad peuvent témoigner de ses qualités professionnelles et humaines; en tout cas, il ne mériterait pas moins que les nouveaux parvenus (chlahbya) qui squattent les couloirs des institutions publiques pour décrocher les subventions, antre autres privilèges.
Le recours d’Ahmed Jawad à l’acte ultime est certes condamnable mais mérite toute attention. Il sert de lanceur d’alerte sur une situation devenue intenable pour ceux qui ont fait le choix difficile de vivre de leur art.
Il est consternant de constater qu’après deux décennies de loyaux services à son employeur (le Théâtre national Mohammed V de Rabat), son rôle indéniable dans l’animation de l’espace « Nadi Al Ousra », relevant de la même institution, Ahmed Jawad touche « 2000 dh » en guise de pension mensuelle!!!
Ahmed Jawad n’est certes pas le seul à pâtir de cette situation regrettable, bien d’autres continuent de souffrir dans le silence et surtout l’indifférence assassine des préposés à la gestion de la chose culturelle dans notre pays.
Notre souhait est que justice soit rendue à cette catégorie de citoyens, qui ne peuvent être sacrifiés sur l’autel de la médiocrité qui continue de crever l’écran.