Les murs des pages Facebook vont encore une fois résonner de « regrets », feints ou sincères, après le départ cruel ce dimanche de l’artiste Ahmed Jawad. Mais ne sommes-nous pas (tous) coupables de n’avoir su au moins l’écouter, n’est-il pas victime aussi de nos lâchetés, nos silences complices et notre indifférence assassine?
Comment avons-nous pu laisser « tomber » Ahmed, lui qui était toujours debout et prêt à venir en aide à tous ses collègues, proches ou lointains ? Comment a-t-on pu laisser cet artiste partir de la manière la plus cruelle, être si amnésiques et si ingrats envers son empathie, son altruisme et son amitié à toute épreuve, sans compter ses loyaux et précieux services au Théâtre national Mohammed V, notamment à « Nadi Al Ousra » qu’il animait avec un brio remarquable?
Pourtant, le voeu du regretté a été simple: vivre décemment. Ce que ne lui assurait évidemment pas cette pension minable de 2000 dirhams qu’on lui a infligée après vingt ans d’action au service de l’activité artistique et théâtrale en particulier. Du haut de quelle irresponsabilité lui a-t-on refusé de simples audiences, au Théâtre comme au ministère de tutelle, lesquels auraient pu l’aider à trouver le moyen de vivre décemment, à l’instar de bien d’autres qui, comme le dit un proverbe typiquement marocain, savent « où manger l’épaule »!
Ahmed était trop digne pour faire « la danse du ventre »… !!!
Ahmed n’a toutefois pas moins de mérite que les dizaines de pitres qui écument aujourd’hui les pseudo-séries télévisées, les pseudo-sit-coms, les pseudo-caméras cachées, pour ne pas parler du théâtre ou encore du cinéma…
Une chose est sûre: le départ atroce d’Ahmed est un gros pavé jeté dans cet océan de médiocrités qui nous submerge.
Adieu, Ssi Ahmed!