«Citoyen du monde et ménestrel au cœur tendre, Idir était unique. Il nous laisse un répertoire inoubliable», affirme le président de l’Institut du Monde Arabe, Jack Lang qui dit éprouver «une peine immense» en apprenant la disparition de cette légende de la chanson kabyle.
Idir est décédé à l’hôpital Bichat-Claude-Bernard, à Paris, où il a succombé à une maladie pulmonaire. Sa disparition a été annoncée samedi soir par sa famille dans un post publié sur les réseaux sociaux.
«Chanteur-poète, sa voix douce résonnait puissamment en nous comme le chant d’un berger rêveur et généreux. Idir était un «chasseur de lumière». Il nous berçait de mélodies douces et nous transportait vers les hauts plateaux de la Kabylie dont il était un chantre magnifique et l’ange protecteur et bienveillant», écrit Jack Lang dans un communiqué.
«Humble troubadour, véritable conteur, Idir parlait de la belle culture kabyle avec une passion sincère et un enthousiasme militant. Il nous donnait du bonheur, celui des choses simples, celles qui imprègnent et touchent l’âme. Ses concerts étaient des fêtes, à l’image de réunions de famille débordant d’amour et d’allégresse », poursuit le président de l’IMA.
Idir, «c’était aussi un fervent artisan d’un monde arc-en-ciel, celui de la fraternité entre les hommes. Il aimait le dialogue, le partage. Il aura collaboré avec beaucoup d’autres artistes, donnant ainsi une identité à la reconnaissance de la diversité des cultures. Il croyait en l’humanité. Il chérissait la France des couleurs et le beau métissage des cultures », souligne Jack Lang.
De son vrai nom Hamid Cheriet, Idir est né le 25 octobre 1949 à Aït Lahcène, près de Tizi-Ouzou, capitale de la Grande-Kabylie.
Alors qu’il se destinait à être géologue, un passage en 1973 sur Radio Alger change le cours de sa vie : il remplace la chanteuse Nouara, surnommée la diva de la chanson kabyle, et sa chanson en langue berbère «A Vava Inouva», fait le tour du monde alors qu’il faisait son service militaire. En 1975, il rejoint Paris pour produire son premier album, également intitulé « A Vava Inouva ».
Pendant dix ans, de 1981 à 1991, il disparaît de la scène, mais sa carrière va être ensuite relancée. À l’automne 1999, il signe son retour discographique avec l’album « Identités », où il propose un mélange de «Chââbi», la musique algéroise, et de rythmes empruntés aux genres occidentaux.
Les thèmes de ses chansons écrites en kabyle ou en français recouvrent différents thèmes comme l’exil (A Vava Inouva), la fête (Zwit Rwit), les souvenirs (Cfiy) ou encore l’émotion (Ssendu).
Sa chanson «A Vava inouva», traduite en plusieurs langues, est célèbre dans le monde entier. Sa musique douce reflète une culture, une civilisation et un mode de vie amazighe séculaire.