La campagne de Donald Trump bat son plein ! Au summum de la crise, une seule pensée le hante. Comment prolonger son séjour à la Maison Blanche ? Il ne rate, pour ce, aucune occasion pour critiquer ses adversaires et vanter ses performances économiques. Mais vint le Covid-19 pour balayer d’un coup de revers ses espoirs en une reconduction… dans la poche.
Pour badiner avec les Américains, la Chine semble être sa tasse de café quotidienne. Des invectives itératives qui exportent en quelque sorte la crise interne. Alors que le pays ne comptait aucun cas déclaré, il parlait, non sans arrogance, du virus chinois. Depuis, il a su que le virus n’a pas de patrie. Car avec le temps, il évoque plutôt la responsabilité de la Chine quant à la diffusion de la pandémie. Il entend tirer profit d’une opinion bien partagée entre une grande part d’Américains, prétendant que la Chine est l’ennemi juré des States.
Tout le monde sait qu’au sein des Etats-Unis, toutes tendances confondues, il prévaut un malaise d’une avancée chinoise dans les marchés traditionnels américains. D’autant plus que depuis quelques années, Pékin commence à se manifester même sur les plans militaires et géostratégiques. L’on ressent bien sa présence un peu partout dans le monde. Ceci inquiète certes, mais les démarches de Trump ne sont certainement pas appropriées. Du coup, dans chacune de ses sorties médiatiques, il revisitait le pays de Mao, source de tous les maux. Entre temps, il rappelait aux Américains qu’il existerait toujours un pays qui s’appelle l’Iran. Le premier reste à recadrer. Le second doit tout simplement disparaître.
Il fait diversion, répliquent ses détracteurs, puisqu’il cherche midi à quatorze heures. Les observateurs savent que la Chine et l’Iran sont des sujets qui anticipent la vague de colère qui l’attend aux urnes. Ils sont le cheval de Troie qui lui permettrait d’envahir de nouveau le portail de la Maison Blanche.
Ce n’est absolument plus aussi facile qu’il en rêvait. Les 51 Etats du pays de l’oncle Sam sont gagnés de panique, de peur et d’angoisse. Pour eux, Trump aurait failli à un acte éthique essentiel: faire très tôt, faire bien. On lui reproche de communiquer plus et d’agir moins.
Faute de quoi, il s’évertue, dans trop de hâte d’ailleurs, à changer la donne par ses gesticulations communicationnelles. Il épouse même une stratégie de brouillage et de confusion. En effet, et en plein confinement, il ose même soutenir les quelques manifs orchestrées par ceux qui veulent revenir très tôt à la vie normale, avec des illustrations évangélistes prétendant que le seul guérisseur est Dieu ! Le New York Times insinue même que Trump est derrière toutes ces manigances.
Partant, plusieurs gouverneurs ne voulaient plus le suivre dans ses manœuvres quotidiennes. Surtout, lorsqu’il voulait convaincre les Américains de sortir travailler, alors que le compteur de l’université John-Hopkins continuait à battre tous les records. La hausse des indicateurs économiques auraient, selon lui, un impact sur l’électeur américain. Sauf que le nombre des morts est par dizaine de milliers, et au 29 avril, l’on est à environ 57 mille morts. Seule la guerre du Vietnam avait pu tuer autant d’Américains ! Celui des contaminés a atteint le chiffre record d’Un million, et l’état des hôpitaux ainsi que le profil d’une grande partie des victimes, font beaucoup jaser sur la dimension sociale dans ses programmes.
Un tableau terne qui donne une image de ce que Trump n’avait pas pu faire. De ce qu’il n’avait pas voulu faire, dit l’autre. Plusieurs voix s’élèvent déjà pour accuser le président américain de n’avoir pas pris au sérieux les alertes de pandémie. L’OMS a lancé sa tonitruante alerte en fin janvier, alors qu’il était encore en train de «narguer» le virus devant toutes les caméras du monde. A deux reprises, son conseiller en commerce lui avait fait part, fin janvier et le 21 mars dernier, des risques que le pays allait courir au cas où les mesures nécessaires ne sont pas prises à temps.
Face à tout ceci, Trump vivait à l’ombre de ses faux-fuyants. Il n’avait que faire, son esprit était ailleurs. Chaque jour, davantage de communication. Chaque jour, davantage de crocs.