Présidence du G20, l’Inde en force de modération

Dans un contexte géopolitique mondial en pleine effervescence, l’Indonésie s’apprête à passer le relais de la présidence du G20 à l’Inde avec tout ce qui en découle en termes de fractures politiques, de divergences économiques et d’ambitions mesurées.

Pour New Delhi, il s’agit certes d’une occasion de renforcer son rôle historique de force de modération et d’exhiber sa stature économique et son poids politique sur la scène mondiale, toutefois, assumer la présidence tournante du groupe des vingt pays les plus industrialisés de la planète requiert en évidence de la 3e économie d’Asie de trouver des solutions innovantes à certains des défis des plus insistants à l’heure qu’il est.

A compter du 1er décembre, l’Inde, auréolée de son nouveau statut de 5e économie mondiale, prendra pour un an les commandes du G20. Ce groupement qui représente 80 % du PIB mondial, 75 % du commerce international et 60 % de la population mondiale.

Au menu du mandat indien, figurent plusieurs objectifs notamment la promotion d’une croissance forte et durable, la réforme du système monétaire international et la lutte contre l’inflation des prix des matières premières et agricoles.

D’autres sujets sont également sur la liste des priorités dont l’autonomisation des femmes, la promotion des infrastructures numériques, le financement climatique, l’économie circulaire, la réduction des risques de catastrophe et la résilience, la lutte contre la criminalité économique et bien d’autres.

Au sein du G20, des voix ne cessent de souligner l’impératif d’une coopération et d’une synchronisation dans l’élaboration du bon dosage de politiques macroéconomiques et d’instruments budgétaire, monétaire et structurel à même de résoudre les problèmes mondiaux communs et soutenir efficacement la reprise économique.

Or, les défis sont de taille, les attentes le sont aussi. Des tensions géopolitiques inter-Etats, à la guerre russo-ukrainienne, passant par les pressions inflationnistes, la crise énergétique, la récession mondiale et les licenciements massifs d’employés. Autant de défis jamais aussi complexes auxquels le monde soit confronté depuis la Seconde Guerre mondiale.

Avant de prendre les rênes de ce bloc mondial, l’Inde place de grands espoirs dans le Sommet de Bali (15-16 novembre), devant clôturer la présidence de l’Indonésie pour l’année 2022.

Le succès du Sommet, selon des analystes, devrait baliser la voie à New Delhi pour s’atteler lors de son mandat sur le reste des questions épineuses dont pâtit le groupe et le monde.

Ainsi, l’île indonésienne devrait en principe connaître la présence du président russe Vladimir Poutine et de son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky. « Mais, pour l’heure rien n’est sûr. La présence de Poutine pourrait n’être confirmée qu’à la dernière minute », révèle la cheffe de la diplomatie Indonésienne, Retno Marsudi.

Quoi qu’il en soit, 17 dirigeants mondiaux ont déjà confirmé leur venue au Sommet, dont les présidents américain Joe Biden et chinois Xi Jinping.

Pour le pays de Gandhi qui croit à la philosophie de la Vasudhaiva Kutumbakam, une expression en sanskrit qui signifie (le monde est une famille), il voudrait que sa présidence tournante du G20 soit un catalyseur de changement de politiques économiques obsolètes et l’occasion de trouver des solutions innovantes à certains des défis actuels les plus insistants.

Selon le ministère indien des Affaires étrangères, la présidence du G20 constituerait une « étape significative » dans l’évolution de la politique étrangère du pays avec la vision du Premier ministre d' »assumer des rôles de leadership sur la scène mondiale ».

Elle offre, souligne le ministère indien, « une occasion unique à l’Inde de contribuer à l’agenda mondial sur des questions urgentes d’importance internationale ».

Dans un monde pris entre le marteau des conflits armés et l’enclume de la récession mondiale, l’Inde se voit charger la périlleuse mission d’assurer l’unité du G20 en tant que premier forum mondial de politique économique et financière.

Sous sa présidence, elle devrait accueillir plus de 200 réunions du G20 à partir de décembre prochain en sus du Sommet des dirigeants du G20 au niveau des chefs d’État et de gouvernement qui aura lieu les 9 et 10 septembre de l’année prochaine.

Selon plusieurs économistes, la présidence indienne du G20 devrait apporter des réponses politiques claires et coordonnées aux défis mondiaux mais aussi et surtout d’annoncer des réformes de l’ordre économique mondial.

Un constat largement partagé par le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres qui a affirmé lors d’une récente visite en Inde qu’il a « très fortement plaidé » pour la nécessité des réformes d’un système économique et financier international qui a été en grande partie « construit par les riches pour les riches ! ».