Le 24 août 2022, le coordonateur-résident du système des Nations-Unies en Algérie, Alejandro Alvarez, alertait, depuis Alger, sur « l’insuffisance » de l’assistance financière internationale pour « nourrir la population sahraouie ». Il s’est appuyé sur deux (bonnes) raisons pour étayer son appel, soit la pandémie de coronavirus et la crise alimentaire mondiale due au conflit russo-ukrainien qui fait rage depuis février 2022.
Rien d’étonnant dans « l’argumentaire » invoqué à l’appui de cet appel, d’ailleurs répété en choeur dans les quatre coins du monde. À part cet éloge immérité fait du « gouvernement algérien » pour une prétendue « solidarité constante avec les réfugiés sahraouis » et un soi-disant « soutien humanitaire d’une importance vitale qui doit être reconnu ».
Le représentant de l’ONU à Alger ne croyait peut-être pas servir la soupe à la junte au pouvoir et à ses sous-fifres séparatistes, lesquels continuent de faire commerce de la détresse de 20.000 sahraouis séquestrés, sans s’inquiéter ni rougir.
Il n’est donc pas curieux de voir la junte surfer sur les déclarations du représentant de l’ONU à Alger pour tenter de se donner « bonne conscience » aux yeux de l’opinion publique internationale, et des raisons supplémentaires pour doper ce business de la charité, qui continue de prospérer sur les ruines des populations concernées.
OLAF: le rapport poignant sur le business de la honte
À toutes fins utiles, il faut d’abord noter que le Maroc n’a jamais été indifférent à la situation humanitaire des populations séquestrées en Algérie, au contraire. Le Royaume s’oppose plutôt au détournement de l’aide humanitaire et à son instrumentalisation à des fins politiques cautionnant un simulacre de « protection ».
Il n’est qu’à se référer au rapport de l’Office européen de lutte contre la fraude rendu public en 2015, pour se rendre à la triste évidence: l’aide humanitaire destinée aux séquestrés, y compris le lait des nourrissons!, est souvent revendue sur les marchés noirs de Nouadhibou (Mauritanie), Niamey (Niger), voire Oran et Alger, par les barons du camp Rabouni, avec la complicité intéressée des haut gradés de l’armée algérienne. L’argent de ce business très rentable, quand il n’est pas placé dans l’achat de biens immobiliers dans les quartiers branchés de la Costa Del Sol, en Espagne, les plateaux bureaux de Nouakchott loués au prix d’or… il va dans les coffres forts des banques parisiennes et suisses…
Autre triste vérité, l’aide « humanitaire » est devenue une aide à la guerre. Son argent est aussi utilisé dans l’achat des armes!
Pas besoin d’être devin pour comprendre pourquoi Alger refuse encore et toujours d’autoriser le recensement des populations cibles, elle tire tout simplement profit de leur statut, dont elle gonfle délibérément le nombre, en cherchant à accréditer l’idée que ces populations ont quitté les Provinces du sud par peur d’une prétendue « persécution » de la part du Maroc. Par ce refus inacceptable, elle cherche aussi à obtenir des aides humanitaires substantielles dont une grande partie est détournée et n’arrive jamais à ses destinataires, ainsi que cela a été établi par le rapport de l’Office Européen de lutte Anti-Fraude (OLAF).
Alger, le sacre de l’impunité?!!!
Pourtant, l’Algérie, en tant que pays d’accueil, a l’obligation de faciliter le mandat de protection du HCR, en l’autorisant à effectuer un enregistrement et un recensement de ces populations. Le Bureau de l’Inspection Générale du HCR dans son enquête confidentielle (UNHCR Inspector General’s Office (IGO), Investigation/ Unit, Inquiry Report INQ/04/005, May 12, 2005. Paragraphe 26) souligne notamment que l’absence d’enregistrement d’une population de réfugiés pendant une période aussi prolongée constitue une situation anormale et unique dans les annales du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés. La dimension politique ne doit pas être considérée comme un obstacle acceptable à un enregistrement en bonne et due forme selon les standards internationaux des personnes en besoin d’une protection internationale.
L’Algérie continue de défier les injonctions de l’instance décisive de l’ONU (Conseil de sécurité), réitérées depuis 2011, l’appelant à respecter ses obligations internationales en procédant à l’enregistrement des populations des camps de Tindouf.
Elle enfreint aussi le Pacte Mondial sur les réfugiés adoptés par l’Assemblée Générale de l’ONU, le 17 décembre 2018, stipulant notamment que l’enregistrement est un outil clé de protection, de solutions et de garantie de l’intégrité des systèmes de protection des réfugiés, de prévention de la fraude, de la corruption et du crime, y compris la traite d’êtres humains, et de lutte contre ces fléaux. (Paragraphe 58 du Pacte Mondial sur les Réfugiés).
Le rapport du Secrétaire Général des Nations Unies au Conseil de sécurité (S/ 2021/843) en date du 1 er octobre 2021 et la résolution 2602 du Conseil de sécurité, adoptée le 29 octobre 2021, n’ont pas manqué de rappeler à nouveau la situation humanitaire catastrophique qui prévaut dans les camps de Tindouf, où l’Algérie a abandonné ses responsabilités internationales envers cette population au profit d’un groupe armé séparatiste, en violation flagrante des règles du droit international humanitaire.
Violation du droit international et des principes de base des droits de l’Homme
La situation dans les camps de Tindouf constitue une violation flagrante non seulement du droit international humanitaire mais également des principes de base des droits de l’homme. Les camps constituent de vraies prisons à ciel ouvert, où les individus ne bénéficient ni de liberté de mouvement, d’expression, d’opinion ou de rassemblement comme en témoigne la volonté de maintenir une distance géographique entre les différents camps. Une telle situation est contraire au droit international général, au droit des réfugiés, au droit International humanitaire et aux droits de l’homme.
En août 2018, le Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies s’alarmait de l’abandon par l’Algérie de ses prérogatives régaliennes dans les camps de Tindouf au profit du « polisario ». Le CDH s’était dit fort préoccupé de ce qu’une telle dévolution soit contraire aux obligations de l’Algérie de garantir à tous les individus sur son territoire les droits reconnus dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. L’instance onusienne avait exprimé ses inquiétudes quant aux violations des droits de l’homme dans les camps de Tindouf et l’impossibilité pour les victimes d’intenter des recours à cet effet devant les tribunaux de l’Etat algérien.
En vertu du droit international et du principe de la souveraineté territoriale, l’Algérie, en tant que pays d’accueil, assume une responsabilité première en ce qui concerne le sort des populations des camps de Tindouf, y compris lorsqu’il s’agit de leur rapatriement. La pratique internationale et le mandat du HCR établissent clairement le rôle des pays d’asile. Aussi, aucun subterfuge juridique, ni aucune considération politique ne sauraient exempter l’Algérie de sa responsabilité dans le retour librement consenti de ces personnes.
Militarisation des camps de « réfugiés »
Dans le différend régional sur le Sahara marocain, l’Algérie a failli à toutes ses obligations internationales à l’égard des populations qu’elle héberge dans ses camps. Ces derniers, étant militarisés, faisant fi de l’obligation de préserver le caractère civil et humanitaire des camps servent d’espaces d’entraînement des éléments du « polisario » et de centres de détention.
Or, l’obligation du respect du caractère humanitaire et civil des camps de réfugiés permet de faire parvenir, dans les meilleures conditions possibles, l’assistance humanitaire, de prévenir l’enrôlement des adolescents et des enfants dans les milices armées (Publication du HCR « Operational Standards for Registration and Documentation », et de donner la possibilité aux réfugiés de jouir des solutions durables dont notamment le rapatriement volontaire ou l’intégration dans le pays d’accueil.