L’ancien ministre algérien de l’Energie, Chakib Khelil, a été condamné, lundi par un tribunal d’Alger, à 20 ans de prison pour corruption, selon les médias locaux.
Le tribunal de Sidi M’Hamed à Alger a également condamné Chakib Khelil à verser une amende de deux millions de dinars (12.500 euros).
L’ancien PDG de la compagnie algérienne des hydrocarbures Sonatrach, Mohamed Meziane, jugé lors du même procès, a été condamné à cinq ans de prison et un million de dinars (6.250 euros) d’amende.
Le vice-président de Sonatrach à l’époque des faits, Abdelhafidh Feghouli, a été condamné à six ans de prison ferme et un million de dinars d’amende.
Les responsables de Sonatrach sont accusés d’avoir privilégié le Groupe italien Saipem lors de la conclusion du marché pour la réalisation du complexe gazier d’Arzew (Oran), au détriment d’une société émiratie et ce, sur instruction de M. Khelil.
Ils sont également accusés d' »octroi d’indus privilèges », « abus de fonction » et « conclusion de marchés en infraction aux lois et à la réglementation ».
Le tribunal a également condamné par contumace deux représentants du groupe italien Saipem, Gilbert Bulato et Massimo Gallipoli Steal à six ans de prison chacun et une amende d’un million de dinars (6.250 euros).
Le parquet général près le pôle judiciaire du tribunal de Sidi M’Hamed à Alger avait requis 20 ans de prison ferme assortis d’un mandat d’arrêt international contre Khelil qui a occupé ce poste pendant 10 ans sous la présidence de Bouteflika, pour « les pertes occasionnées au trésor public qui s’élèvent à 13 milliards de dollars ».
Le même procureur, qui a requis une amende de deux millions de dinars contre l’ancien ministre, activement recherché suite au mandat d’arrêt lancé à son encontre en 2019, a estimé au cours de son réquisitoire que l’ancien ministre a « commis de graves dépassements en matière de conclusion de marchés dans le secteur qu’il gérait ce qui occasionné des pertes colossales aux deniers publics ».
Il a demandé, par ailleurs, la confiscation de tous les biens mobiliers de l’ex-premier responsable du secteur de l’énergie au temps du défunt Président Abdelaziz Bouteflika déchu.
Le procureur a, en outre, requis dix ans de prison ferme contre l’ancien P-DG de la compagnie pétrolière algérienne Sonatrach, Mohamed Meziane.
« Chakib Khelil a fait du secteur un bien privé. Il courait pour ses propres intérêts et ceux de sa famille. Il prenait des décisions unilatérales sans prendre l’avis des connaisseurs. Il utilisait son poste à des fins purement personnelles », a affirmé le procureur dans son réquisitoire.
Les vastes enquêtes pour corruption et népotisme lancées après la démission en avril 2019 de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, sous la pression d’un mouvement populaire de contestation inédit « Hirak », ont conduit à une série de procès toujours en cours.
Plusieurs personnalités et anciens responsables politiques, ainsi que de puissants patrons, de hauts fonctionnaires et de hauts gradés de l’armée sont jugés dans le cadre de ces procès. Ils sont poursuivis, notamment, pour corruption et enrichissement illicite.