« Fatna, une femme nommée Rachid » est désormais le titre du nouveau long-métrage documentaire de la réalisatrice et autrice Hélène Harder et qui vient de recevoir le soutien de l’avance sur recettes avant réalisation de la part du CNC (Centre National du Cinéma et de l’Image Animée).
Dans une interview datée du 27 février 2020 sur le site de l’Alsace, la réalisatrice a déjà évoqué ce projet où elle « … travaille sur le portrait de Fatna El Bouih, activiste politique marocaine de premier plan, fondatrice d’une association de défense des droits des prisonnier.e.s au Maroc dans les années 2000, militante du droit des femmes et des droits humains, auteur d’un des très rares témoignages sur la détention politique au féminin dans son récit autobiographique traduit en français sous le titre Une femme nommée Rachid (2001, éditions Le Fennec). Elle y raconte ses années de disparition forcée et de prison en tant qu’opposante politique durant les années de plomb. Le film sera un portrait d’elle au présent et en action. Il est produit par Abel Aflam (Maroc) et Wendigo Films (France) ».
« Fatna, une femme nommée Rachid », récit de vie, c’est aussi le titre de la version française du livre écrit en arabe par Fatna El Bouih aux éditions Le Fennec en 2001, sous le titre en arabe حديث العتمة . Ce titre vient d’un passage du livre où la narratrice – qui n‘est que l’écrivaine – dit: « On me donne un numéro et un nom: « Maintenant tu t’appelleras Rachid… Ne bouge pas, ne parle pas, sauf si tu entends ton nom. Rachid ». Mais ce Rachid n’est qu’une sublimation atroce de l’existence d’une femme vouée à des nuits longues et pleines d’atrocité.
Comment mettre en image cette parole de l’obscurité qui exalte la souffrance et la ténacité d’une femme qui a décidé de vivre ? La tâche n’est pas facile pour adapter ce récit dans un film documentaire. Mais d’après la présentation dédiée à ce film et la bande annonce, la réalisatrice a choisi un angle d’attaque qui s’est basé sur un départ du présent en poursuivant « une élégante et mystérieuse femme de 60 ans, nous entraîne à travers les rues de Casablanca dans ses multiples activités de militante des droits humains. Au fil de son périple se dévoile l’histoire fragmentée de Fatna El Bouih… ». Site wendigofilms
C’est un film qui a favorisé une temporalité axée sur le présent comme un cheminement qui vise l’introspection en donnant lieu à des moments de déclarations nocturnes d’un passé douloureux via la voix-off.
Le film documentaire de Hélène Harder offre une deuxième vie à ce récit tout en mettant un éclairage sur la vie actuelle de la militante Fatna El Bouih, Cette dernière n’a pas renoncé à continuer son combat en tant qu’activiste sur d’autres fronts. Elle était par ailleurs membre fondateur de l’Observatoire Marocain des Prisons et du Forum Vérité et Justice. Elle a créé un des premiers centres d’écoute pour les femmes victimes de violence.
Le film « Fatna, une femme nommée Rachid » nous livre une figure emblématique qui nous interpelle et qui nous questionne sur le devenir de ces femmes marocaines qui ont pris le chemin – si éprouvant – de la politique dans un temps où il faut avoir le courage d’affronter la peur dans sa manifestation la plus extravagante.