Lundi dernier, le 10 janvier, le théâtre a été à l’honneur, puisque le Ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la communication a fêté « La Journée arabe du théâtre », conformément aux recommandations de la 22ème Édition de la Réunion du Congrès des Ministres Responsables de la Culture des Pays Arabes, organisée à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis, les 19 et 20 décembre 2021.
Cette célébration dit beaucoup sur l’intérêt que réserve le ministère de tutelle au théâtre dans son programme d’action à venir. D’ailleurs dans son communiqué de presse qui a accompagné cette festivité, il a fait écho d’une reconsidération prometteuse pour ce théâtre qui « représente l’un des piliers essentiels de la feuille de route qu’il s’est fait sienne. Le père des arts reste ainsi l’une des priorités essentielles du programme ministériel, aussi bien en tant qu’art à part entière, que s’agissant du côté social des artistes marocains et la garantie qu’ils puissent travailler dans des conditions leur permettant une vie digne, à l’instar de toutes les franges de la société ».
Dans ce contexte de festivité, le Ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la communication a déjà conclu en décembre 2021, la signature d’un accord de partenariat avec la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT), pour donner le coup d’envoi de l’opération « Théâtre remove » où une commission qui relève des deux instances aura comme tâche d’élire soixante pièces de théâtre, qui seront par la suite filmées et diffusées sur les chaînes de la SNRT et la plateforme numérique du ministère. Chaque compagnie de théâtre disposera d’un budget variant entre 150 000 et 200 000 dirhams pour assurer le tournage et l’acquisition des droits de diffusion. Trois prix seront attribués aux meilleures pièces présentées dans le cadre de « Théâtre remove ».
Il est à rappeler que cette initiative vise à sortir le théâtre marocain d’une situation de crise qui ne date pas uniquement d’aujourd’hui. Car le contexte sanitaire actuel est la goute d’eau qui a fait déborder le vase. Sans oublier le dernier cri d’alarme des théâtreux marocains qui « n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd ». Il était temps de réagir, de trouver une solution avec une urgence extrême. C’est vrai que le slogan nous rappelle le fameux slogan d’antan « La télévision bouge », lancé en 1989 pour marquer une nouvelle ère de la télé marocaine qui sera caractérisée par une nouvelle offre télévisuelle. Mais cette opération- malgré sa noble mission – nous interpelle plus sur la question de la transmission de genre artistique qui doit en premier lieu être inscrite dans des salles de théâtre avec la présence d’un vrai public. Dans la situation actuelle et vu la substitution numérique, toute les alternatives convergent – en ce moment vers ce médium. Il est devenu un refuge idéal, un point d’ancrage d’une résilience instaurée pour contourner ce statu quo de la culture. Cela dit, cette opération est limitée dans le temps tout en constituant une occasion d’archiver ce corpus théâtral qui verra le jour en 2022.
Le théâtre au Maroc a le mérite d’être appréhendé d’une façon systémique. Certes, le Ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la communication est sur les premières lignes de front mais le théâtre doit être la responsabilité de plusieurs secteurs. A rappeler qu’au temps de feu Hassan II – après avoir reçu en audience le grand Tayeb Saddiki – il était question de dédier 1% du budget des communes pour soutenir l’action du théâtre au Maroc. Beaucoup de structures théâtrales ont vu le jour pour devenir des coquilles vides. Le projet des Troupes Régionales a sombré dans l’oubli. Ces initiatives et d’autres doivent être revues sous le prisme d’une politique de la durée et non pas d’une politique de l’urgence.
Le théâtre ne bougera qu’avec son public là où on a entendu pour la première fois les trois coups avant la levée du rideau.