L’adoption du principe des pôles dans l’ossature du gouvernement Akhannouch va certainement résoudre beaucoup de problèmes. Cette option permet, en effet, de réduire les télescopages des prérogatives et surtout d’améliorer l’efficacité et le rendement de plusieurs organismes publics.
Mais ce resserrement ministériel risque, aussi, de provoquer d’autres difficultés quand des secteurs clés sont rattachés à un département doté déjà d’importantes attributions. L’exemple de l’intégration du sport dans les ministère de l’Éducation nationale est édifiant dans cette nouvelle architecture gouvernementale.
L’idée et l’objectif de cette « fusion » sont pertinentes dans la mesure où le sport rentre dans le cycle de la formation qui se décline dans la scolarité sport-études. Sauf que le ministre Chakib Benmoussa devra affronter au moins deux problèmes de taille pour gérer ce super département.
Connaissant les défis et les attentes que suscite l’enseignement dans notre pays, Benmoussa n’aura certainement ni le temps, ni les moyens pour gérer le sport. Ce secteur étant tout aussi délicat et surtout se trouvant dans un tel état de déliquescence que le ministre serait obligé de le déléguer à un secrétaire d’État.
Le deuxième problème consiste à formater la direction de la promotion du sport qui est un grand malade au sein du ministère de l’Éducation nationale. Cette direction qui se compose de six services et de la fédération du sport scolaire est minée par la bureaucratie et le laisser-aller pour pouvoir promouvoir le sport scolaire.
Jadis les écoles et les universités fournissaient des athlètes de haut niveau dans différentes disciplines qui ont brillé dans des compétitions internationales. Aujourd’hui, les clubs et les fédérations ne peuvent plus compter sur les pépinières du sport scolaire pour consolider leurs ossatures et devenir de plus en plus compétitifs.
Les deux disciplines qui ont marqué l’histoire du Maroc en l’occurrence l’athlétisme et le football ont été alimentées par les fédérations et les clubs. Encore faut-il préciser que depuis quelques années, ces deux disciplines apportent peu ou prou de trophées et de médailles au Maroc.
Or tout le monde le sait, la quasi majorité des athlètes internationaux qui brillent dans les Jeux Olympiques, les coupes du monde et les compétitions intermédiaires sont tous issus du sport scolaire et universitaire. Il n’y a pas meilleur exemple que celui de la championne olympique Nawal El Moutawakil.
L’ex-ministre des sports a étudié à l’université américaine de l’Iowa aux États-Unis où elle a pratiqué l’athlétisme avant de décrocher sa médaille d’or aux JO de Los Angeles. Chez nous, la branche éducation physique et sport (EPS) est considérée comme une discipline superfétatoire à l’école et à l’université.
A tel point que les écoliers et les étudiants s’en désintéressent de plus en plus en présentant des certificats médicaux de complaisance qui leur permettent d’être dispensés du sport. L’opportunité qui se présente aujourd’hui, c’est de pouvoir établir la passerelle entre le sport scolaire et le sport d’élite puisque les deux sont gérés par un même département ministériel.
D’autant plus que la loi-cadre 51-17 ainsi que l’accord-cadre signé par le ministère de l’Éducation nationale avec le Comité olympique (CNOM) accordent une place importante au sport/études.