Par Abdelhadi Gadi
Pertes et profits après une échéance !
En remodelé pour la circonstance, comme dans une vieille chanson, en amour il faut toujours un perdant, mais on ne peut avoir la chance de gagner souvent. Voire tout le temps ! En politique, c’est la même chose. Avec, néanmoins, les nuances qui s’imposent selon ces mêmes circonstances.
Ce vendredi 6 août, pratiquement un million d’électeurs étaient appelés aux urnes dans le cadre des échéances relatives aux Chambres professionnelles.
Les chiffres d’abord.
Le parti de la Colombe, doublant le score de 2015 vole très haut avec 638 sièges, soit pratiquement 29 %. La formation de la Lampe, n’a pu faire mieux qu’en gagnant 49 sièges, la perte est lourde dépassant les 150 sièges entre 2015 et 2021.
Détail de taille: le RNI est premier, le PJD pointe à la 8ème position. Dans la foulée, on semble oublier toutes les autres formations politiques et les Sans Appartenance qui ont envoyé des candidats lors de cette échéance. La fixation médiatique trouverait son explication dans le fait qu’il y ait une dichotomie forcée par la force des joutes ambiantes. Celles-ci remontant à pratiquement une décennie, durant laquelle « les scènes de ménage » entre ces deux acteurs occupaient les « planches médiatiques ». N’en déplaise à certains, les termes ne sont pas forcément péjoratifs. Des fois, même pour les plus aseptisées analyses, le besoin se ressent pour des approximations assertives.
Ceci étant, un petit clin d’œil dans le rétroviseur donne à voir deux fortunes diamétralement opposées: un grand gagnant et un grand perdant. C’est un constat à froid !
Comment ils s’y prennent…
Le must pour l’observateur est de voir le représentant de l’un face au représentant de l’autre sur un plateau de télévision. La représentation, dans le sens de théâtralité, était alléchante. C’était samedi sur Medi1TV.
L’animateur de l’émission a eu la présence d’esprit de ne pas se contenter d’un face-à-face, en invitant une tierce partie, le PI en l’occurrence.
Nous sommes, du coup, dans une configuration triangulaire: un gagnant, un perdant et le tierce qui a pu se maintenir. La référence étant le renvoi vers les mêmes élections en 2015.
Venons-en à la démonstration. Le gagnant prend l’ascendant parce qu’il est fier d’avoir porté l’estocade à ses concurrents, tout en gardant présent à l’esprit qu’il ne lui faut nullement brûler ses navires, encore moins de rompre tous les ponts avec ces mêmes concurrents. Du simple fait qu’il inscrit sa position dans un advenir. Car, il sait très bien qu’il ne pourrait, à terme, faire l’impasse sur les arrangements en perspective pour prendre les manettes des organismes qu’il lorgne. Il part du principe qu’en vue des alliances qui se dessinent il ne peut se permettre le luxe ni d’insulter l’avenir ni de prendre d’en haut ceux avec qui il devrait composer. Par voie de conséquence, il puise son langage dans des formulations où la revendication de sa victoire n’éclipse pas l’importance d’autrui. Il est un fait avéré: le concurrent d’aujourd’hui peut être l’allié de demain. C’est une règle générale observée par tous ceux qui s’adonnent aux calculs des probabilités politiques.
En face, le perdant, ne voulant reconnaître sa défaite, tente de défaire l’argumentaire du gagnant. Le hic est qu’il s’y prend mal.
En fait, non seulement il n’admet pas la chute, mais il s’accroche à un argumentaire qui ne tient pas la route. Alors même qu’il aurait pu faire l’économie de l’exercice.
Pour peu, il serait arrivé jusqu’à considérer que ces élections ne valent rien. Pourtant, ce n’était pas l’appréciation qu’il avait développée en 2015. Minimiser, voire dénigrer ces élections relèverait d’une approximative lecture des enjeux qui dépassent, et de loin, la vingtaine de Conseillers qui siégeront à la deuxième Chambre du Parlement. La lecture ne pouvant se réduire à une approche purement arithmétique. Venant au plateau de télévision avec « l’intentionalité de nuire » ne serait être un argument en soi. Il dénote, en le connotant, un manque flagrant de vision sur le long terme. Celle-ci est une affaire de longue haleine. Et elle ne peut être réduite à une échéance circonscrite dans une « mandatisation » du temps politique.
C’est à se demander comment seront, chez les uns comme chez les autres, les réactions après le 8 septembre prochain !
Sachant que les logiques ne sont pas les mêmes, reste à savoir si la mise à jour des logiciels suivrait.