L’admission d’entités non-étatiques, comme la pseudo « rasd », au sein des institutions africaines, porte préjudice à la crédibilité de celles-ci, comme c’est le cas aujourd’hui pour l’Union africaine (UA), selon la présidente de la Fondation Amadou Hampâté Bâ, Mme Rokiatou Hampâté Bâ.
« Sans risque de se tromper, nous pouvons affirmer que l’admission d’entités non-étatiques, à l’image de la rasd, au sein des institutions africaines, est de nature à porter préjudice, à terme, à la crédibilité et à la partialité de nos institutions, comme il est aujourd’hui le cas pour l’UA », a-t-elle déclaré à la MAP, en marge d’un séminaire sous-régional organisé, mercredi à Dakar, par l’Institut panafricain de stratégies (IPS), Think Tank sénégalais, sur le thème « Penser la Question du Sahara et promouvoir des solutions innovantes ».
L’intellectuelle et figure culturelle ivoirienne et malienne, fille de l’illustre écrivain, philosophe, ethnologue et diplomate, Amadou Hampâté Bâ, a insisté « qu’il faudrait qu’il y ait Etat pour pouvoir adhérer à une structure qui rassemble des Etats ».
Par conséquent, a-t-elle suggéré, afin de trouver une solution à la question du Sahara, il importe d’initier une démarche collégiale de dénonciation du statut d’une entité au sein de l’UA, qui ne dispose d’aucun des attributs d’un Etat, en s’appuyant sur les faits avérés de l’admission de la « rasd » au sein de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et son maintien dans l’UA.
A cet égard, Mme Rokiatou Hampâté Bâ a salué la tenue de ce séminaire qui mobilise l’intelligence et la conscience collectives pour proposer des solutions à ce différend qui freine la bonne marche du panafricanisme.
« Notre unité africaine est malheureusement toujours freinée par le différend régional autour du Sahara ». Fidèle aux valeurs panafricaines prônées par son défunt père, Mme Roukiatou Hampâté Bâ a appelé à une « prise de parole décomplexée vis-à-vis de la question afin d’y trouver des réponses pertinentes, dans le cadre de la prééminence du processus onusien, qui soutient le plan d’autonomie sincère, crédible et pragmatique, proposé par le Maroc ».
Elle a, dans ce sens, préconisé une « révision des conditions d’admission dans nos institutions africaines, sur la base de critères bien déterminés, afin d’éviter leur manipulation par des courants idéologiques ou politiques ».
Sur un autre registre, Mme Rokiatou Hampâté Bâ a rappelé « avec inquiétude » l’incident récent de Guerguerat, soulignant « qu’on ne devrait pas être pris dans un engrenage qui empêcherait l’intérêt du plus grand nombre. Entraver la libre-circulation des marchandises et des personnes, surtout en temps de Covid, ne devrait pas passer inaperçu ».
Elle a ensuite relevé que pour promouvoir l’intégration socioéconomique, politique et humaine de l’Afrique du Nord, il importe de connaître la nature des différents obstacles qui l’entrave et de proposer des solutions crédibles et pertinentes.
Sur la question de l’intégration régionale et continentale de l’Afrique, Mme Hampâté Bâ n’a pas manqué de rappeler l’idée prônée par le président Senghor de passer par l’intégration des blocs sous régionaux dans une volonté de reconstituer les grands ensembles.
« Pour ce faire, il faut un véritable renforcement des Communautés Economiques Régionales (CERs), à l’image de l’exemple réussi de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) qui contraste tristement avec la paralysie de l’UMA (Union du Maghreb Arabe) », a-t-elle encore dit.
« Je suis navrée de constater que cette question entrave, jusqu’à aujourd’hui, la coopération entre les pays maghrébins. Le Maghreb est pourtant riche en opportunités économiques, en ressources humaines de qualité et en synergies culturelles », a déploré Mme Rokiatou Hampâté Bâ. Le séminaire de l’IPS à Dakar a connu la participation d’une pléiade d’experts, de personnalités politiques et d’éminents membres de la société civile ouest-africaine du Sénégal, du Cap-Vert, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée-Bissau, du Mali et de la Mauritanie.