Les avocats algériens vont observer lundi une grève nationale en protestation contre l’arrestation, la semaine dernière, d’un de leur confrère du barreau de Tébessa (585 km à l’est d’Alger).
Dans un communiqué qui a sanctionné une réunion de l’Union Nationale des Ordres des Avocats (Unoa), les bâtonniers ont lancé un appel à un boycott des audiences pour lundi à l’échelle nationale en soutien à leur collègue de Tébessa.
l’UNOA révèle que l’accusation selon laquelle l’avocat Abderaouf Arslane appartiendrait à « une organisation terroriste » n’était pas « prouvée » et que « même le rapport de l’enquête préliminaire évoque des probabilités et ne donne aucune preuve » d’une accusation formulée par le procureur général de la cour de Tébessa lors d’une conférence de presse.
L’UNOA dit « regretter » que le procureur ait « violé le principe de la présomption d’innocence et le secret de l’instruction » en animant une conférence de presse dans laquelle il accusait Me Arslane d’appartenance à un groupe terroriste, en l’occurrence Rachad.
L’UNOA n’est pas la seule organisation à dénoncer l’arrestation de l’avocat Abderaouf Arslane.
Des avocats se sont également élevés contre cette décision du tribunal de Tébessa.
Pour Me Mokrane Aït-Larbi, la mise en détention d’Arslane est « un prélude à l’arrestation d’autres avocats », notamment ceux qui sont impliqués dans la défense des détenus d’opinion.
« L’avocat ne peut pas être emprisonné ou poursuivi en raison de ses propos et déclarations, car cela fait partie de ses fonctions quotidiennes. Si l’avocat outrepasse ses prérogatives légales, il y a un conseil de discipline, et la justice n’a rien à voir là-dedans. Mais aujourd’hui, l’emprisonnement est devenu la règle et la liberté l’exception », a écrit le célèbre avocat.
« Franchement, le document de l’UNOA est satisfaisant au vu de la situation actuelle », se félicite pour sa part l’avocate Yamine Alili, du barreau de Tizi Ouzou.
Elle a fait observer que beaucoup de barreaux ont cessé de s’impliquer dans la défense des détenus d’opinion et que d’autres « ont peur » d’être arrêtés.
« Nous ne sommes plus protégés », a-t-elle regretté.
Avocat de plusieurs détenus du mouvement populaire, Abderaouf Arslane a été arrêté, la semaine dernière. Il est accusé, dans le même dossier que trois de ses mandants, dans une affaire d’appartenance présumée à « un groupe terroriste ».
Le procureur général près la cour de Tébessa avait animé une conférence de presse, largement reprise par les médias officiels, pour accuser l’avocat d’appartenance « à un groupe terroriste » sans attendre le procès.
Cette détention a suscité une vague d’indignation au sein de la corporation des robes noires qui craignent désormais pour leur liberté.