« POURQUOI IL EST RISQUÉ DE CONTRARIER LE MAROC ». LA FERME MISE EN GARDE DU QUOTIDIEN ALLEMAND « DIE WELT » AU GOUVERNEMENT MERKEL.

Décidément, la position anti-marocaine de Berlin ne fait pas l’unanimité en Allemagne. Et ce n’est surtout pas le quotidien « DIE WELT », proche du parti conservateur de la chancelière Angela Merkel (Union chrétienne-démocrate d’Allemagne, CDU) et de son partenaire de coalition CSU (L’Union chrétienne-sociale en Bavière), qui dira le contraire.

Sous le titre « Pourquoi il est risqué de jouer avec le Maroc », Die Welt, -un des trois plus grands quotidiens allemands avec le Süddeutsche Zeitung et le Frankfurter Allgemeine Zeitung-, a ouvertement épinglé dans un article paru le 12 mai courant la position de Berlin délibérément hostile aux droits légitimes du Maroc sur ses Provinces sahariennes.

Die Welt (Le Monde) a qualifié de « malheureuse performance » la décision de l’ambassadeur représentant permanent de l’Allemagne fédérale auprès de l’ONU, Christoph Heusgen, de demander une réunion d’urgence du Conseil de sécurité, en décembre 2020, suite à la reconnaissance par les États-Unis d’Amérique de la souveraineté du Maroc sur ses provinces sahariennes. « Lors de cette réunion, Heusgen a pris ses distances avec l’initiative américaine et a appelé à une solution dans le cadre de l’ONU », a rappelé l’auteur de l’article Alfred Hackensberger, spécialiste des questions du Moyen Orient-Afrique du Nord.

« L’argument avec les colons est vieux de 30 ans. Ils vivent maintenant au Sahara Occidental en deuxième et troisième génération. Doivent-ils maintenant être déportés ? En outre, vous ne résolvez pas les conflits en attribuant des blâmes – surtout si vous vous concentrez seulement sur une partie du conflit », explique M. Hackensberger, qui renvoie dos à dos Berlin et Alger laquelle mène une guerre par procuration depuis maintenant 45 ans contre le Maroc, en tentant de contrecarrer l’intégrité territoriale du Royaume.

« Heusgen n’a pas dit un mot sur l’Algérie, qui continue à soutenir et à instrumentaliser le « polisario » à ce jour. Les Sahraouis font partie intégrante de la politique de confrontation de l’Algérie avec le Maroc depuis des décennies. L’Algérie ne veut pas d’une détente des relations avec l’État voisin et refuse même de rouvrir la frontière commune. Du point de vue de Rabat, une république indépendante au Sahara occidental serait un État satellite algérien et un risque pour la sécurité nationale du Maroc », clarifie-t-il.

La crise entre Berlin et Rabat pourrait avoir de lourdes conséquences

Notant que « les relations maroco-allemandes sont à un niveau historiquement bas », « Die Welt » met en garde contre « les lourdes conséquences » que cette crise pourrait engendrer pour Berlin. « Ce qui, à première vue, ressemble à un conflit bilatéral, pourrait toutefois avoir de lourdes conséquences. Après tout, le Maroc est le gardien de la frontière extérieure de l’Europe en Afrique et empêche des centaines de milliers de migrants de passer en Espagne. Le Royaume est un allié fiable de l’Occident dans la lutte contre le terrorisme international. Rabat a, à plusieurs reprises, fourni des renseignements qui ont permis de déjouer des attentats en Europe », rappelle le quotidien conservateur-libéral, en se faisant l’écho de l’inquiétude des milieux allemands quant à la durée de cette crise ayant éclaté il y a deux mois depuis la décision de Rabat de suspendre tout contact avec l’ambassade de Berlin et avec les ONG et autres institutions allemandes accréditées dans le Royaume.

Sahara: le Maroc est en position de force

« Le royaume obtient pour cela l’approbation de nombreux États, dont la France. Mais le jackpot est arrivé en décembre, lorsque les États-Unis ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Ceci en échange de l’établissement de relations diplomatiques avec Israël. Le royaume a été le quatrième pays arabe à bénéficier de l' »accord d’Abraham », initié par le président de l’époque, Donald Trump. Le Maroc est un partenaire stratégique important en Afrique du Nord, avec lequel il est lié par une amitié vieille de 200 ans – le Maroc a été le premier pays à reconnaître l’indépendance des États-Unis. C’est également ce qu’a souligné le nouveau secrétaire d’État américain Antony Blinken lors d’une conversation téléphonique avec son homologue marocain Nasser Bourita en avril. Washington ne compte pas revenir sur la décision de l’administration Trump concernant le Sahara occidental », précise la publication allemande.

« Les rapports selon lesquels la milice chiite du Hezbollah formait le « polisario » aux armes iraniennes peuvent également avoir joué un rôle dans les délibérations américaines. Le Maroc est nécessaire en tant qu’allié contre une éventuelle nouvelle milice mandataire iranienne en Afrique. L’État maghrébin se sent en pleine ascension avec les États-Unis à ses côtés et veut enfin clore le dossier du Sahara occidental en sa faveur. Quiconque s’immisce, le Maroc l’affronte avec force », avertit Die Welt.

Un avertissement dont le gouvernement doit absolument tenir compte. On ne badine pas avec le Maroc.