
Par: Mohamed Khoukhchani *

Le discours d’ouverture prononcé par Mohamed Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du Progrès et du Socialisme, lors de l’Université d’Automne de la Jeunesse Socialiste, était fort et chargé de messages politiques tranchants.
L’homme a visé le gouvernement, qu’il a qualifié de « funeste», arguant que le pays n’avait jamais connu de gouvernement aussi faible et inefficace au cours des deux dernières décennies. Parallèlement, il a lancé un appel direct à la jeunesse marocaine, en particulier à la génération Z, pour qu’elle passe de l’expression et de la protestation virtuelles à l’action politique organisée au sein des institutions.
Cependant, cet appel, malgré son bien-fondé, reste entaché d’une contradiction flagrante qui ne saurait être ignorée. Comment convaincre les jeunes de s’engager en politique alors que le parti lui-même, qui arbore ce slogan, demeure incapable de se réconcilier avec lui-même ?
Comment parler d’ouverture à une nouvelle génération alors que certaines blessures restent ouvertes au sein même du camp de gauche, après que le parti a connu des vagues d’expulsions et de trahisons contre ses militants ?
Il est ironique que le Secrétaire général, qui appelle aujourd’hui au dialogue avec les jeunes, soit celui-là même qui n’ait pas encore tendu la main aux anciens militants, limogés par des décisions qualifiées à l’époque d’arbitraires. Il a même tenu un discours virulent à leur encontre, les accusant d’avoir incité à leur exclusion.
L’appel à une action politique renouvelée ne gagne en crédibilité que lorsqu’il se traduit par une action organisationnelle interne honnête, commençant par la réconciliation et la reconnaissance des erreurs, avant de passer à la critique des autres.
La « Génération Z » sur laquelle Nabil Benabdallah mise est une génération intelligente et vigilante, qui ne se laisse pas tromper par les slogans et sait lire entre les lignes. Si le parti veut véritablement se revitaliser, il doit d’abord restaurer sa confiance et démontrer que les valeurs démocratiques qu’il défend à l’étranger sont réellement mises en pratique dans son pays.
L’avenir de la politique marocaine ne se renouvellera pas uniquement par des discours indignés ou des dénonciations du gouvernement, mais plutôt par la capacité des partis politiques à se redécouvrir et à se réconcilier avec leurs électeurs avant d’inviter les jeunes à rejoindre leurs rangs. La véritable réconciliation commence de l’intérieur, et sans elle, l’appel à une « action politique organisée » restera un beau slogan… mais en suspens.





