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Enquête choc. Crimes de guerre en Syrie: L’histoire méconnue de l’implication du « polisario » aux côtés du régime de Bachar de sanglante réputation

L’implication de la milice terroriste du « polisario » dans la guerre civile en Syrie n’a pas encore livré tous ses secrets. Une nouvelle enquête accablante vient encore lever un coin du voile sur des aspects méconnus de la participation de cette milice aux massacres de civils syriens sans défense sous la bannière du régime de Bachar al-Assad de sanglante réputation.

Sous le titre « Le Polisario en Syrie: Comment les combattants étrangers compliquent la justice transitionnelle », cette enquête, signée Rena Neties, reporter de guerre néerlandaise, jette une lumière crue sur un élément resté méconnu jusqu’à un passé récent de la stratégie de proxies mise en place par l’Iran au Moyen Orient, notamment en Syrie. « Moins connu, mais tout aussi important pour les efforts de justice transitionnelle, est le fait que le réseau mandataire de l’Iran en Syrie comprenait le Front Polisario, une organisation politico-militaire soutenue par l’Algérie en Afrique du Nord-Ouest », relève l’auteure de l’enquête. 

« Des rapports récents, dont un article du Washington Post citant des responsables régionaux et européens, confirment que des combattants du Front Polisario, basé en Algérie, étaient également présents en Syrie et entraînés par l’Iran. Des centaines d’entre eux sont désormais détenus par les nouvelles forces de sécurité syriennes », rappelle Rena Neties.

Et de remémorer encore: « La Deutsche Welle Arabic a diffusé des images  rares  de combattants du Polisario en Syrie, bien que leur localisation exacte reste incertaine. Le reportage comprenait un document découvert au siège des services de renseignement syriens, confirmant la présence de 120 soldats du Polisario dans le pays dès les premières offensives de l’opposition syrienne. Ce document daté de 2012, dont l’authenticité a été confirmée par des experts syriens, émanait du Service de sécurité syrien 279. Il confirmait la présence en Syrie de 120 combattants sahraouis issus de quatre brigades, intégrés aux unités de l’Armée arabe syrienne. Le document mentionnait également les pourparlers entre les dirigeants du Polisario et la « résistance » (Hezbollah) à Beyrouth en janvier 2011, au tout début du Printemps arabe ».

Une précision, et non des moindres: « Les combattants du polisario étaient entraînés par le Hezbollah dans des camps du sud-Liban, dans la vallée de la Bekaa, frontalière avec la Syrie ». Ils étaient aussi entraînés par des experts militaires du Hezbollah dans les camps mêmes de Tindouf, où ils étaient formés aux nouvelles techniques de guérilla, notamment « la guerre des tunnels » utilisée par le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Sud-Liban.

Toujours Rena Neties, l‘architecture des mandataires de l’Iran en Syrie comprenait également plusieurs groupes armés irakiens, ainsi que les milices afghanes « Fatemeyyoun » et pakistanaise « Zainabiyyoun ».  

Une hydre à plusieurs têtes qui pose un véritable défi à la Syrie post-Assad. « La Syrie d’aujourd’hui, qui tente de se remettre de près de 14 ans de guerre, est confrontée à une tâche ardue : gérer les combattants restants de ces groupes, tout en menant des actions de justice transitionnelle », avertit l’auteure de l’enquête, publiée sur le site officiel de l’organisation DAWN (Democracy for the Arab World Now).

Chantage du régime d’al-Assad envers le Maroc

« Le régime baasiste syrien de Hafez et Bachar el-Assad a toujours soutenu les groupes séparatistes pour faire pression sur les États », rapporte Rena Neties, citant Wael Olwan, directeur du département de recherche de Jusoor Studies à Damas.

« Ils ont soutenu le PKK contre la Turquie, les Houthis contre l’Arabie saoudite, les forces de Haftar contre le gouvernement de Tripoli et le Front Polisario contre le Maroc (…) Le Maroc était contre Bachar el-Assad, tandis que l’Algérie soutenait pleinement Assad. Il était donc normal que le régime soit disposé à accueillir des combattants du Front Polisario, malgré le peu d’avantages sécuritaires et militaires qu’il avait à y gagner, et inversement. Il s’agit avant tout d’une question politique », a poursuivi Olwan.

Le bureau du « polisario » à Damas

« Pour le Front Polisario, le bureau en Syrie était crucial. C’était leur principal bureau au Moyen-Orient et leur représentant était en charge de toute la région depuis Damas », a déclaré à l’auteur une source sécuritaire occidentale. « Le Front Polisario avait ses bureaux ici, à Damas. Quelques-uns ont été arrêtés, mais la plupart ont fui le pays avec le Hezbollah. Ils entretenaient des liens avec l’Iran par l’intermédiaire du Hezbollah », relate Rena Neties citant Abbas Sherifa, un chercheur syrien. Selon ce dernier, la Syrie abritait un « bureau politique » pour le Polisario, et aucun entraînement militaire n’avait lieu dans le pays. « L’entraînement militaire était organisé par le Hezbollah dans des camps d’entraînement situés au sud du Liban, dans la plaine de la Bekaa. Là, ils disposaient d’un bureau pour les relations politiques », a-t-il expliqué.

« Cela a également donné une carte à l’Algérie, qui a fermement défendu le régime d’Assad et a été l’un des premiers pays à exiger son retour au sein de la Ligue arabe », a ajouté Sherifa.

« Le régime a supervisé ce dossier, mais en collaboration avec le Hezbollah et les Gardiens de la révolution iraniens », relaie Rena Neties au nom d’Olwan. « Par exemple, les Houthis ne sont pas venus directement en Syrie. Ils sont venus d’Iran, via l’Irak, jusqu’à Damas. Ils ont reçu une formation avant de repartir. » 

Selon Olwan, les combattants du « polisario » arrivant en Syrie n’utiliseraient pas leur vrai nom. De nombreux autres combattants étrangers arriveraient également via l’Irak, prétendant visiter le sanctuaire chiite de Sayyida Zeinab.  

Algérie, des cadavres dans le placard

En février 2025, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, s’est rendu à Damas et a demandé aux autorités syriennes de libérer les militaires algériens et les combattants du Polisario soutenus par l’Algérie. Le président syrien par intérim, Ahmed al-Charaa, a cependant décliné cette demande, informant le ministre algérien des Affaires étrangères que des militaires algériens ayant le grade de général de brigade et environ 500 soldats de l’armée algérienne et des milices du Polisario seraient jugés. Une source sécuritaire régionale de haut rang, au courant du dossier, a confirmé l’échange entre le président syrien et le ministre algérien des Affaires étrangères, ainsi que les membres du Polisario et les membres algériens détenus. 

Plusieurs sources proches du dossier ont confirmé l’arrestation de combattants du Polisario au sud d’Alep lors de l’offensive militaire de la fin de l’année dernière. « Le groupe est désormais à Idlib », a déclaré un journaliste local indépendant à l’auteur. Une autre source a confirmé cette information : « En décembre, ils ont arrêté 70 combattants du Polisario et militaires algériens au sud d’Alep, près de l’aéroport militaire d’Abou Zohour, dans l’est de la province d’Idlib. »

 

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