
Par: Zakia Laaroussi

Par-delà les slogans éculés et les récits de lutte enjolivés, une vérité dérangeante émerge, implacable : le « polisario », que d’aucuns continuent de présenter comme un mouvement de libération, s’est métamorphosé en bras armé de puissances étrangères, au service d’agendas géopolitiques obscurs et profondément déstabilisateurs. Cette mutation, que des enquêtes journalistiques et des rapports de sécurité viennent confirmer, mérite aujourd’hui d’être regardée en face, sans complaisance.
Le 12 avril 2025, The Washington Post publiait une enquête explosive, révélant l’implication directe du « polisario » dans des opérations militaires sur le sol syrien, aux côtés du régime de Bachar al-Assad et avec le soutien logistique et militaire de l’Iran. Des centaines de combattants issus des camps de Tindouf y auraient été formés par les Gardiens de la Révolution iranienne avant d’être déployés dans le sud syrien, notamment autour du plateau du Golan. À ces révélations s’ajoutent les accusations portées par Fahd Al-Masri, chef du Front de salut national syrien, qui évoque l’installation de ces éléments à proximité de sites militaires stratégiques, participant à la répression violente de populations civiles.
La gravité de ces faits dépasse le cadre d’un simple conflit régional. Elle soulève une question fondamentale : comment un mouvement se réclamant d’une cause nationaliste peut-il en venir à se transformer en auxiliaire d’un régime accusé de crimes de guerre, et d’une puissance étrangère en quête d’hégémonie régionale ?
La réponse est à chercher dans les zones grises du Sahara et du Sahel, où le « polisario » a su tisser depuis des années un réseau d’alliances dangereuses. Dès 2013, les services de sécurité japonais classaient officiellement le mouvement parmi les entités liées à Al-Qaïda au Maghreb islamique. Ce constat, loin d’être anecdotique, repose sur des preuves tangibles : implication dans les trafics d’armes, de stupéfiants, d’êtres humains, et connexions avérées avec les circuits jihadistes transsahariens.
Ce faisceau d’indices éclaire sous un jour nouveau la nature du soutien que lui apportent certaines capitales. L’Algérie, en l’occurrence, continue de fournir au « polisario » un soutien multiforme — diplomatique, financier et logistique — qui pose un sérieux problème à la communauté internationale. Car soutenir une organisation dont les ramifications s’étendent désormais à la Syrie, au Liban et au Sahel, ce n’est pas faire œuvre de solidarité avec une « cause juste », c’est alimenter des foyers d’instabilité qui menacent bien au-delà de la région.
L’Iran, pour sa part, voit dans le « polisario » un relais idéal pour son expansion en Afrique du Nord. À l’image de ce qu’elle a accompli au Liban avec le Hezbollah, Téhéran semble vouloir ériger, dans le désert algérien, une force supplétive capable de porter ses ambitions régionales. C’est là une stratégie claire de projection de puissance par procuration, au détriment de la paix et de la souveraineté des États du Maghreb.
Il devient dès lors impératif de revoir les grilles d’analyse qui continuent de présenter le Polisario comme un simple acteur d’un conflit territorial. Nous ne sommes plus face à une querelle de frontières ou un dossier de décolonisation inachevée, mais face à une entité hybride, à la croisée du séparatisme, du terrorisme et du crime organisé.
Déjà, des parlementaires américains évoquent la nécessité de classer le « polisario » comme organisation terroriste. Une telle initiative, autrefois impensable, devient aujourd’hui légitime, nécessaire, urgente. Le silence et l’inaction ne sont plus tenables.
La communauté internationale doit se départir de ses illusions et reconnaître la réalité : le Front Polisario n’est plus un interlocuteur politique, c’est un instrument de déstabilisation. Si rien n’est fait, les conséquences pourraient être dramatiques — non seulement pour le Maghreb, mais pour l’ensemble du pourtour méditerranéen.
Le temps des euphémismes est révolu. L’heure est venue d’un sursaut lucide.
Appelons les choses par leur nom : le « polisario » est devenu un acteur terroriste. Et il est temps d’agir en conséquence.





