Pourquoi l’Algérie envoie des troupes à sa frontière avec le Maroc

Des troupes de l’armée algérienne font route vers Tindouf, 80 kilomètres de Mahbes, poste de commandement de la ligne de défense des Forces Armées Royales, a-t-on pu confirmer auprès de sources concordantes.

Ce mouvement de troupes a coïncidé avec la visite, mardi à Nouakchott, du chef d’état-major de l’armée nationale populaire (ANP), Saïd Chengriha, «sur invitation du Général de corps d’armée El Mokhtar Bolle Chaabane, chef d’état-major général des Armées de la Mauritanie».

Le Maroc est-il visé par ces bruits de bottes constatés aux encablures de sa frontière sud, comme le laissent entendre quelques bruits de couloir sur la centrifugeuse des réseaux sociaux ? Ces bruits sont-ils liés plutôt aux «préoccupations» exprimées par l’armée mauritanienne quant aux incursions répétées de la milice séparatiste du «polisario» dans le nord du territoire mauritanien, utilisé comme base de tir de projectiles après le verrouillage par les FAR de l’accès à la zone tampon située à l’ouest du dispositif de défense marocain ?

Ces questions, faut-il le préciser, sont des supputations difficiles à vérifier. Une chose reste pourtant sûre: l’envoi de troupes algériennes à la frontière avec le Maroc intervient alors que le Conseil de sécurité de l’ONU venait d’entamer la discussion du rapport du SG de l’ONU, Antonio Guterres, sur le dossier du Sahara marocain.

Or, une simple lecture de ce rapport soumis à l’approbation des Quinze suffit à comprendre le pourquoi des gesticulations de la soldatesque algérienne près de la frontière sud du Royaume. Dans ce rapport, qui constitue la base de la nouvelle résolution attendue fin octobre, la dynamique internationale croissante de soutien à l’Initiative marocaine d’autonomie, rehaussée par le revirement historique de la France qui, le 30 juillet dernier, a solennellement exprimé son appui à la souveraineté du Maroc sur son Sahara, a été clairement mise en avant.

La position de la France, membre permanent du Conseil de sécurité et pays influent sur la scène internationale, et bien avant elle les Etats-Unis d’Amérique, porte-plume des résolutions de l’instance dirigeante de l’ONU, pour ne parler que ces deux poids lourds de la communauté internationale, constitue un game-changer dans l’évolution de ce dossier vers une solution politique définitive en faveur du Maroc.

L’Algérie, qui sera à nouveau appelée à se joindre au processus des tables rondes initiées fin 2018 et bloquées depuis mars 2019 en raison de son refus d’y prendre part en tant que partie prenante au conflit, se trouve dans une impasse totale. Et ce n’est surtout pas en jouant à se faire peur près de la frontière marocaine qu’elle prétendrait sauver la face, ou ce qui lui en reste. Ses trémoussements trahissent un désarroi plutôt que des visées belliqueuses sérieuses à l’encontre de son voisin marocain responsable, serein mais puissant et ferme.

Chengriha peut gesticuler comme bon lui semble à Tindouf, mais seulement à Tindouf.

Quant au Sahara marocain, il n’en connaît peut-être que le cachot où il a été capturé avec tout un bataillon dans  la nuit du 27 janvier au 29 janvier 1976, lors de la glorieuse Bataille d’Amgala.