La « rasd » est une question algérienne et aucunement marocaine: réflexions sur la loi (Par Marco Baratto, politologue italien)

Dans un article publié ce lundi 7 octobre dans le média italien «Focus Mediterraneo», le politologue Marco BARATTO considère que l’autoproclamée «rasd» est une question 100% algérienne. Créée par la junte au pouvoir, qui lui a d’ailleurs délégué la gestion des camps de Tindouf, cette entité ne concerne aucunement le Maroc.

Pour plus d’éclairage sur cette question, le journal le Collimateur a approché l’auteur de l’article. Nous le republions avec son aimable accord. 

 

Par: Marco Baratto 

La « rasd » a été proclamée par le « polisario » le 27 février 1976 à Bir Lahlou. Le retrait des troupes espagnoles laissant le contrôle de la région aux troupes marocaines a provoqué un conflit qui a pris fin avec le cessez-le-feu de 1991.

L’entité exerce un pouvoir souverain sur les cinq camps de « réfugiés sahraouis » au sud de Tindouf en Algérie.

Une nation, pour exister, doit avoir les caractéristiques de base. Or, l’autoproclamée ne dispose pas de territoire, sa juridiction étant sur le territoire et la souveraineté totale de l’Algérie, elle n’a pas les moyens par lesquels l’État exerce son pouvoir souverain. En aucun cas la « rasd » ne dispose de territoire ou de souveraineté dans les provinces du sud du Maroc.

En raisonnant d’un point de vue juridique, elle ne peut se targuer d’aucune revendication territoriale sur le Maroc. En revanche, toujours dans le cadre juridique, la « rasd » gouverne de facto une partie du territoire algérien, dispose de son propre système administratif et politique et se considère distinct de l’Algérie.

Puisque Tindouf se trouve sur le territoire algérien et que la « rasd » se considère comme une « nation » qui gouverne et exerce donc sa souveraineté sur Tindouf et d’autres régions, elle pourrait être considérée comme une province séparatiste de l’Algérie.

Le « polisario » n’est pas un problème marocain, car il n’exerce aucune autorité sur les territoires marocains, mais plutôt un problème algérien étant donné qu’il gère et exerce (ou croit exercer) de jure et de facto une partie du territoire algérien.

Alors quand le Maroc, suite à l’arrêt de la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE), dit qu’il s’agit d’un arrêt entre « l’Union européenne d’un côté, et le ‘polisario’ soutenu par l’Algérie de l’autre », c’est formellement correct ou plutôt, il est une histoire qui concerne l’unité nationale de l’Algérie qui permet la présence d’une entité se définissant comme un « Etat » sur son territoire.

Le Maroc n’a aucun intérêt dans toute cette affaire, il a plutôt intérêt si sa souveraineté venait à être menacée. Mais pour le moment, la « rasd » doit être considérée comme une question interne à l’Algérie qui permet la présence à l’intérieur de ses frontières d’un territoire qui porte atteinte à sa souveraineté et à son unité nationale.