La campagne anti-Mawazine, prévu du 21 au 29 juin 2024, fait rage sur la centrifugeuse des réseaux sociaux. « Ne dansez pas sur les blessures de vos frères », « Boycottez le festival Mawazine »… Chacun y va de son « hashtag » et de sa partition. Fait curieux, les critiques, partiellement compréhensibles, ne viennent pas uniquement des Marocains, bien d’autres, par ingérence ou mauvaise foi, se sont joints à cette campagne.
Motif invoqué à cette campagne ? La guerre anti-Gaza. Notre pensée va évidemment aux victimes tragiques de cette guerre horrible menée sans relâche contre une population palestinienne sans défense. Mais en quoi le maintien (ou le report) de Mawazine peut-il servir la cause palestinienne ? Et pourquoi Mawazine et non pas d’autres festivals qui, au Maroc, comme partout ailleurs à travers le monde arabe, sont toujours programmés ? Un double standard qui n’a pas lieu d’être…
Revenons à nos moutons. La polémique autour de Mawazine a commencé bien avant la guerre anti-Gaza. On reproche à ses promoteurs de ne pas se soucier suffisamment de l’artiste marocain et de faire la part belle à leurs homologues arabes, égyptiens et libanais notamment, qui se produisent sur les meilleures scènes de Rabat moyennant des cachets mirobolants alors que les nôtres sont souvent confinés à Salé. Ils touchent mieux dans les mariages qu’à « Mawazine »!!
Un « traitement de faveur » qui n’a pas lieu d’être non plus… d’autant moins que des artistes qui ont fait la légende et la grande histoire de la chanson marocaine sont, sinon oubliés, du moins marginalisés.
Autre motif, et pas des moindres: la « débauche de moyens » contraste de manière flagrante avec le malaise social ambiant. Après la parenthèse Covid, l’inflation et l’érosion continue du pouvoir d’achat des Marocains, peut-on encore se permettre le luxe d’un festival budgétivore et sans (réelle) valeur artistique ajoutée?
Franchement, programmer Nicki Menaj, c’est de la provoc’. On espère qu’elle a été briefée…