Prééminence de l’initiative d’autonomie, enterrement du « référendum d’autodétermination », enregistrement de la population de Tindouf, centralité du processus des tables rondes, l’Algérie « partie prenante » au conflit… Tels sont les principaux points de la première mouture du projet de résolution qui a été soumis à la discussion et, faute d’amendements, sera soumis au vote des Quinze membres du Conseil de sécurité, fin octobre courant.
« Ayant examiné le rapport du Secrétaire général en date du 2 octobre 2023 (S/2023/729), le Conseil de sécurité décide: de prolonger le mandat de la Minurso jusqu’au 31 octobre 2024» (OP1); « souligne la nécessité de parvenir à une solution politique réaliste, réalisable, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara occidental, fondée sur le compromis, ainsi que l’importance d’aligner l’orientation stratégique de la MINURSO et d’orienter les ressources des Nations unies à cette fin » (OP2)…
Vous avez donc bien lu: « Une solution politique réaliste, réalisable, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara occidental, fondée sur le compromis, ainsi que l’importance d’aligner l’orientation stratégique de la Minurso et les ressources de l’ONU à cette fin ».
En clair, un rejet par le Conseil de sécurité de l’option éculée, de surcroît impraticable, du « référendum d’autodétermination » prôné par la partie adverse. Cette option a cessé d’exister depuis que Kofi Annan avait conclu, dans son rapport au Conseil de sécurité, à “l’inapplicabilité du plan de règlement de 1991 et donc du référendum”. De même, le Conseil de sécurité a écarté le référendum, depuis 23 ans, une fois pour toutes, et ce en faveur de la solution politique, négociée et mutuellement acceptable.
Or, cette solution politique est incarnée par l’Initiative du Maroc pour l’octroi d’un statut d’autonomie pour le Sahara, à la base du lancement du processus politique en avril 2007 sous l’égide de l’ONU. Un choix consacré une nouvelle fois dans le nouveau projet de texte qui affirme « prendre note de la proposition marocaine présentée le 11 avril 2007 au Secrétaire général de l’ONU » tout en « saluant les efforts sérieux et crédibles du Maroc pour faire avancer le processus vers une résolution » (PP15).
L’Algérie a beau jeu de fuir en avant, en vain. Dans le nouveau projet de résolution, elle est, une nouvelle fois, citée en tant que « partie concernée » et appelée, une nouvelle fois encore, à participer au processus des tables rondes selon le même format initié par l’ex-Envoyé personnel du SG de l’ONU, Horst Köhler, les 5 et 6 décembre 2018 et 21 mars 2019. Il s’agit d’une sommation à l’Algérie, tant par le Conseil de sécurité que par le Secrétaire général de l’ONU, dans son dernier rapport, de lever ses obstacles et ses conditions préalables pour la reprise du processus des tables rondes.
Et ce n’est pas tout. Au-delà du processus des tables rondes, bloquées depuis mars 2019, l’Algérie est une nouvelle fois épinglée pour son refus d’autoriser le recensement de la population de Tindouf. « Le Conseil de sécurité réitère AVEC FORCE sa demande d’enregistrement des réfugiés dans les camps de réfugiés de Tindouf », peut-on en effet lire dans le paragraphe PP23 du projet de résolution.
Un retour à la charge qui n’aurait d’égal que cette persistance algérienne à refuser tout enregistrement de la population de Tindouf, dont le nombre, -30.000 au maximum, l’équivalent d’un quartier casablancais!-, est sciemment gonflé par Alger, dont de haut gradés de son armée, avec le « polisario », sont impliqués dans le détournement des aides humanitaires destinés à la population séquestrée, comme l’avait démontré l’Office européen de lutte anti-fraude (OLAF) dans un rapport accablant paru en 2015.
Outre l’aspect sonnant et trébuchant de la charité-business, y compris sur le lait des nourrissons, Alger ne veut toujours pas prendre ses responsabilités en tant que pays hôte de la population « réfugiée », avec tout ce que cela implique en termes d’obligations internationales, notamment les règles statutaires de la Convention de Genève de 1951 sur le Statut des Réfugiés.
La pression est donc du côté d’Alger, qui ne peut continuer à se dérober à ses responsabilités dans la genèse et le maintien de ce conflit artificiel.