Luiz Inácio Lula da Silva, plus souvent appelé « Lula », a été élu dimanche président du Brésil, au terme d’un scrutin très serré face au président sortant Jair Bolsonaro: 50,83% des suffrages valables contre 49,17%.
« Lula », né le 27 octobre 1945 à Caetés, signe un spectaculaire retour aux affaires, après avoir été président pour deux mandats successifs à la tête de la république brésilienne (du 1er janvier 2003 au 1er janvier 2011). Il sera investi le 1er janvier 2023.
« Lula » revient de loin…
Alors qu’il est soupçonné de corruption et de blanchiment d’argent dans l’affaire Petrobras, Dilma Rousseff le nomme en 2016 ministre de la Maison civile, mais cette nomination controversée est aussitôt suspendue par la justice. En 2018, il est condamné en appel à douze ans de prison. Alors qu’il est désigné candidat du PT à l’élection présidentielle de 2018, pour laquelle il est donné favori, il est emprisonné et déclaré inéligible, avant d’être condamné dans une autre affaire.
À la suite d’un recours, il est libéré. En 2021, le Tribunal suprême fédéral reconnaît la partialité du juge Sergio Moro, qui l’avait fait condamner, et annule ses deux condamnations pour vice de forme. Cette décision permet à Lula de se présenter à l’élection présidentielle de 2022, avec son ancien adversaire social-démocrate Geraldo Alckmin comme colistier à la vice-présidence. Il l’emporte au terme du scrutin présidentiel le plus serré de l’histoire du Brésil, obtenant 50,9 % face au président sortant, Jair Bolsonaro. Cependant, sa coalition de gauche est très minoritaire au Congrès national.
Du syndicalisme à la politique…
Ouvrier métallurgiste de profession, il participe en 1980 à la fondation du Parti des travailleurs (PT), mouvement d’inspiration socialiste, dans un contexte de grèves et d’opposition à la dictature militaire.
Au cours de la décennie, le PT devient une formation de premier plan de la vie politique brésilienne. En 1989, quatre ans après la fin de la dictature, Lula s’incline au second tour de l’élection présidentielle face à Fernando Collor (PRN), réunissant 47,0 % des voix. À nouveau candidat en 1994 et 1998, il est éliminé dès le premier tour par Henrique Cardoso.
Élu président de la République lors de l’élection présidentielle de 2002 face à José Serra (PSDB) avec pour colistier le centriste José Alencar, il est réélu en 2006 en l’emportant une nouvelle fois sur le candidat du PSDB, cette fois-ci Geraldo Alckmin. Pour ces deux scrutins, il réunit respectivement 61,3 % et 60,8 % des suffrages exprimés au second tour.
Une enfance dans la tourmente…
Fils d’Aristides Inácio da Silva et d’Eurídice Ferreira de Mello, il reçoit, à sa naissance (selon la tradition des pays lusophones), comme double nom l’un des deux noms de sa mère (Ferreira) suivi de l’un des deux noms de son père ([da] Silva). Il est donc déclaré à sa naissance comme Luiz Inácio Ferreira da Silva. Surnommé « Lula », diminutif affectueux de « Luiz » – Lula signifie également calamar – il intègre officiellement ce surnom à son nom de famille en 1982 sur les registres de l’état civil, omettant désormais le nom de sa mère, son nom complet devenant ainsi Lula da Silva. Son surnom officialisé sert à le désigner de façon abrégée, le patronyme (da) Silva étant extrêmement courant. C’est traditionnellement ce dernier qui se transmet en tant que nom de famille, mais les enfants du président brésilien portent désormais le patronyme Lula da Silva, en dehors de sa première fille, née d’une relation hors mariage.
Il est né le 27 octobre 1945, officiellement le 6 octobre, dans le village de Caetés dans l’État du Pernambouc, il est le septième et avant-dernier enfant d’une famille modeste. Fuyant la misère de la campagne de sa région natale du Nordeste, son père part s’engager comme docker dans le port de Santos à 72 km de São Paulo.
Alors qu’il a sept ans, sa mère (qui élevait seule les huit enfants) décide de rejoindre son mari. Arrivés dans la grande ville, ils s’aperçoivent qu’il a fondé un autre foyer, et elle se retrouve seule pour tenter de survivre. Tous les enfants sont mis à contribution, et le petit Lula quitte l’école à 10 ans pour des petits travaux dans la rue (cireur de chaussures, vendeur de cacahuètes).
À 14 ans, il devient tourneur dans une usine automobile de São Bernardo do Campo, puis ouvrier métallurgiste. C’est lors de l’exercice de son activité de métallurgiste qu’il perd un doigt, l’auriculaire gauche, dans une machine.