La nouvelle résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara (2654) a été votée jeudi par 13 voix contre deux abstentions. Petite « surprise », le Kenya, contrairement à l’année précédente, s’est abstenu du vote, aux côtés de la Russie, qui a coutume de bouder le vote pour ne pas « froisser » le principal client de son armement en Afrique, l’Algérie. En s’abstenant cette fois du vote, le Kenya a démontré vouloir jouer sur les deux tableaux, malgré l’engagement solennel de son nouveau président, William Ruto, à tourner la page de la reconnaissance par son pays de l’entité fantoche nommée « rasd ». Une bourde historique!
Selon nos informations, Moscou et Nairobi ont tenté jusqu’à hier un dernier forcing pour « modifier » le texte de la nouvelle résolution, jugé « déséquilibré ». Elles ont proposé de faire en sorte que le texte de la résolution « distingue plus clairement le Maroc et le front polisario des pays voisins », notamment l’Algérie, épinglée une nouvelle fois en tant que principale partie au conflit. Seulement voilà, la « proposition » russo-kenyane n’a pas été retenue par les États-Unis, pen-holder du texte de la résolution.
Le Kenya et la Russie ont également demandé de faire une référence plus large aux contributions de tous les envoyés personnels précédents, au lieu de distinguer l’envoyé personnel Köhler, artisan des pourparlers quadripartites (Maroc, Algérie, polisario et Mauritanie), organisés en 2018 et 2019 à Genève dans le but de ménager une issue politique au différend régional.
L’insistance de la résolution 2654 sur une solution « réaliste » au conflit, en référence à l’Initiative du Maroc pour l’octroi d’un statut d’autonomie pour le Sahara, a également fait grincer des dents le tandem Russie-Kenya. « C’est une question que la Russie et le Kenya ont soulevée lors des négociations sur le mandat de l’année dernière, car ils considèrent que le terme est ambigu: il est souvent également utilisé par les pays exprimant leur soutien à la proposition d’autonomie du Maroc », indiquent nos sources. « Au cours des consultations à huis clos de la semaine dernière sur le Sahara occidental, le Kenya a apparemment souligné que l’objectif initial de la MINURSO lors de sa création en 1991 par la résolution 690était de mettre en œuvre un référendum pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, mais que son mandat s’en est ensuite écarté », précisent-elles.
Mais là encore, la tentative de Naïrobi a fait pschitt. L’offre marocaine d’autonomie, à la base du lancement en avril 2007 du processus politique sous l’égide de l’ONU, actuellement plébiscitée par 90 pays membres de l’ONU, demeure la seule base pour solder le conflit cinquantenaire autour du Sahara marocain.
Tout bien considéré, la nouvelle résolution confirme le bien-fondé de l’approche marocaine pour le règlement de ce conflit qui n’a que trop duré. En revanche, elle accentue l’isolement de l’Algérie qui doit prendre ses responsabilités dans la genèse et le maintien du différend.