LANCEMENT DU PARTENARIAT VERT ENTRE LE MAROC ET L’UNION EUROPÉENNE. L’ALLOCUTION INTÉGRALE DE M. NASSER BOURITA

M. Nasser Bourita a reçu, aujourd’hui à Rabat, le Vice-président exécutif de la Commission Européenne en charge du Pacte vert pour l’Union Européenne, M. Frans Timmermans. Une cérémonie, dédiée au lancement du Partenariat Vert Maroc-UE, a été organisée au siège du ministère des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger. À cette occasion, M. Bourita a prononcé une importante allocution. lecollimateur.ma la reproduit in extenso.

Monsieur le Vice-Président exécutif de la Commission européenne,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Madame l’Ambassadeur de l’UE,

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Laissez-moi d’abord vous souhaiter, à toutes et à tous, la bienvenue, et vous remercier de votre présence à cette importante cérémonie, dédiée au lancement d’un nouveau volet stratégique, dans le Partenariat non moins stratégique entre le Maroc et l’Union européenne: le Partenariat Vert.

Je tiens à saisir cette occasion pour rendre hommage, solennellement, à M. Frans TIMMERMANS … pour son leadership, son écoute et son engagement personnel pour l’aboutissement du processus d’élaboration de ce Partenariat, dont le chantier a été initié lors de notre visioconférence du 28 juin 2021.

Sachez, Monsieur le Vice-Président, que votre action emporte tout notre appui.

Monsieur le Vice-Président,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Le Partenariat Vert est important, et il a de l’avenir ! Le Maroc ne s’y trompe pas. J’ai coutume de dire que l’UE est, pour le Maroc, une évidence géostratégique. J’ajouterais aujourd’hui que le Partenariat Vert est une évidence dans l’évidence. Jugez-en vous-même:

Primo, Sa Majesté le Roi Mohammed VI – Que Dieu L’assiste – a, très tôt, fixé le Cap pour le Maroc: Cap sur l’UE ; et Cap sur l’environnement. Le Partenariat Vert est à la jonction des deux. Il s’aligne parfaitement avec les Hautes Orientations Royales.

– Secundo, le Partenariat Vert s’insère tout aussi naturellement dans les stratégies sectorielles nationales: Transition énergétique, décarbonation de l’économie marocaine, adaptation et résilience au changement climatique, Economies bleue ; autant de thèmes où la convergence est, encore une fois, totale avec le Partenariat Vert.

– Tercio, le Partenariat Vert s’imbrique parfaitement dans le Partenariat global avec l’UE:

Dans le prolongement de la décision du Conseil d’Association de Juin 2019 de recapitaliser les relations autour de 4 espaces (Politique et de sécurité ; économique ; valeurs; connaissance) et axes transversaux (environnement et migration), le Partenariat Vert vient apporter un contenu concret et une visibilité supplémentaire.

C’est dire que, pour nouveau qu’il soit, le Partenariat Vert n’est pas un « terrain inconnu ». C’est un nouveau levier dans notre Partenariat global et multidimensionnel, qui encapsule l’idée de « l’arrimage stratégique » voulu par Sa Majesté le Roi – Que Dieu L’assiste.

Et de ce nouveau Partenariat, nous ferons:

– Un outil tout aussi pionnier, qui cherchera moins à rester unique dans le bassin méditerranéen, qu’à y faire des émules ;

– Un outil tout aussi adaptatif, qui saura s’ajuster aux mutations d’une conjoncture où les interdépendances entre le Maroc et l’UE n’ont jamais été aussi prégnantes;

Et un outil tout aussi productif, qui trouvera les ressources pour ériger la relation MarocUE en un espace d’action stratégique de nature globale.

Monsieur le Vice-Président,

Madame et Messieurs les Ministres,

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Après ce satisfecit, laissez-moi souligner que la mise en place du Partenariat Vert était un objectif, mais pas une fin en soi. Vous vous en souvenez peut-être, M. TIMMERMANS : je vous ai dit lors de notre dernier entretien que « les crises successives nous offrent une occasion de reconstruire en mieux » – to build back better.

– Par « reconstruire en mieux », j’entends se départir de certains schémas dépassés;

– Par « reconstruire en mieux », je veux dire ne pas substituer des dépendances anciennes, par de nouvelles dépendances tout aussi néfastes ;

– Et par « reconstruire en mieux », je vise promouvoir des alternatives crédibles et fiables.

Je n’insisterais jamais assez sur la « fiabilité ». La dure réalité internationale a démontré, tant en Europe qu’en Afrique du Nord, que lorsqu’il s’agit d’énergie, c’est la fiabilité et seule la fiabilité qui compte, davantage encore que la disponibilité de la ressource.

Cet enseignement devrait valoir doctrine pour le Partenariat Vert, qui se trouve aujourd’hui dans un « moment Rooseveltien » et qu’on gagne à mettre sur le bon rail, une fois pour toute:

– En termes de ligne de conduite, érigeons la fiabilité en valeur centrale: le « Partenaire avant le Partenariat », si je puis dire.

– Et en termes de gouvernance, optons pour une ingénierie institutionnelle souple, inclusive et collaborative. Le Partenariat Vert ne doit pas être la charge du seul VicePrésident exécutif, mais le crédo de tout le Collège. Il doit, aussi, élever l’association à la « decision-shaping » en principe et impliquer en amont tous les acteurs « across the board », y compris le secteur privé.

– En termes de portée, faisons le choix d’un Partenariat qui voit grand et qui voit loin.

Développons des passerelles bilatérales avec les pays du Voisinage, mais aussi régionales et bi-continentales, avec l’UPM, le 5+5 et avec le Continent africain. Les objectifs du Partenariat Vert seraient mieux servis par une ample voilure.

– En termes d’approche, misons sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables – biomasse, hydrogène vert, dessalement et énergie marine. Faisons le choix d’une économie sobre en carbone, par l’investissement sur la technologie verte.

« Elles devraient être intégrées et prises en considération dans les décision d’investissement et de choix technologique dans l’ensemble des secteurs clés et gros consommateurs d’énergie, notamment l’industrie, le bâtiment, le transport, l’éclairage public et l’agriculture », comme l’a précisé Sa Majesté le Roi, à l’occasion de Son acceptation du Prix du Visionnaire en Efficacité Energétique en mai 2017.

– En termes de moyens, mobilisons un appui politique et financier à la hauteur. De par sa nature systémique, le Partenariat Vert doit transcender la logique financière pure. Il doit pouvoir compter sur des instruments flexibles, adaptés à l’engagement de chaque partenaire et à ses priorités.

Je me réjouis, à cet égard, que le prochain « Programme d’appui à la transition énergétique au Maroc / Energie verte » soit doté à ce stade de 50 M€ 1.

Le prochain « Programme d’appui au développement écologique du secteur agricole et forestier au Maroc », devrait être signé en décembre 2022, pour 115 M€ ; mais j’attends décembre pour en parler !

En plus de ces enveloppes, la Team Europe Initiative dédiée au Partenariat Vert, offre des perspectives prometteuses avec les Etats membres et leurs organismes financiers et techniques. Nous avons donc quelques bonnes raisons d’être confiants.

Monsieur le Vice-Président,

Madame et Messieurs les Ministres,

Madame l’Ambassadeur,

Pas plus tard que Vendredi dernier, Sa Majesté le Roi – Que Dieu L’Assiste – a souligné dans Son Discours à l’occasion de l’ouverture de la de la Session d’Automne du Parlement, que la « responsabilité impose désormais des choix durables et intégrés, ainsi que davantage de solidarité et d’efficacité ».

Ma conviction est que nous tenons, en le Partenariat Vert, un formidable outil pour ouvrer dans le sens des Orientations Royales. Il n’est pas seulement pertinent, il incontournable.

Je forme le souhait que notre détermination soit totale et égale, pour l’optimiser et pour aller ensemble sur des terrains d’avenir. L’avenir du Partenariat Maroc-UE sera Vert.

C’est aujourd’hui qu’il commence à nouveau.

Je vous remercie.