En sport, les tensions qui règnent dans les assemblées générales des clubs et des fédérations n’ont d’égales que les guéguerres des politiques dans les congrès des partis ou les élus dans les sessions des communes. Comme les enjeux sont multiples, aussi bien dans le sport que dans la politique, ces forums sont le théâtre de complots et de coups bas et se transforment souvent en arènes où tout est permis y compris les violences verbales et physiques.
Avant l’instauration de la loi sur l’éducation physique et aux sports, n’importe qui pourrait assister à ces assemblées y compris les fauteurs de trouble d’un camp comme de l’autre. Même si la sélection s’est faite avec l’arrivée des adhérents, la plupart des assemblées générales continuent à se passer dans des ambiances délétères. Il arrive parfois que les complots contre un président se trament des semaines avant la date de la tenue de l’assemblée générale.
Des clans se forment et des voix s’achètent y compris chez les meilleurs amis du président mis sur la sellette. Tout est préparé d’avance par les opposants y compris la façon avec laquelle va se dérouler l’AG et la liste de ceux qui vont prendre la parole ainsi que le contenu de leur intervention.
En 1983, la fédération du cyclisme a tenu son assemblée générale dans un climat de guerre et de complot. Ce qui n’était pas nouveau dans une instance qui a été toujours tiraillée par le clanisme et les coups bas. À cette époque, ce fut le président hadj Kotbi qui était dans la ligne de mire de ses détracteurs. On avait assisté à un procès en bonne et due forme avec un ministère public, des témoins à charge et un accusé dont la défense était atomisée.
Et c’est un certain Bekbachi, un ami de longue date du président Kotbi, qui a joué le rôle de l’avocat général chargé de descendre l’accusé. Il allait et venait devant l’estrade, mettait et enlevait ses lunettes tout en accablant son ami de tous les maux. Bekbachi était tellement dans son rôle et emporté par sa longue tirade de critiques acerbes qu’il a cassé ses lunettes de vue.
Jamais dans les annales de notre sport nous n’avons entendu un aussi violent réquisitoire contre un dirigeant surtout de la bouche d’un homme qui a tissé vingt-cinq ans d’amitié avec «l’accusé ». Ce procès marathon a duré des heures et s’est terminé tard dans la nuit dans un restaurant à Ain Diab où les nouveaux dirigeants ont fêté allègrement leur victoire.
Quarante ans après cette pièce théâtrale, rien n’a changé dans les assemblées générales des clubs et des fédérations qui continuent à se tenir dans des climats de guerre et de complot. Comme en politique d’ailleurs où les alliances se font et se défont, désormais, au gré des intérêts personnels et non partisans.