C’est Annie Ernaux qui remporte le Nobel de littérature, décerné ce jeudi par une Académie suédoise qu’on annonçait plus imprévisible que jamais.
Et la surprise fut grande, tant Michel Houellebecq ou la Canadienne Anne Carson faisaient figure de favoris pour succéder au romancier britannique d’origine tanzanienne Abdulrazak Gurnah (2021) et à la poétesse américaine Louise Glück (2020).
Née Annie Duchesne le 1er septembre 19401 à Lillebonne (Seine-Maritime), Annie Ernaux est une femme de lettres française, professeur de lettres. Son œuvre littéraire, pour l’essentiel autobiographique, entretient des liens étroits avec la sociologie.
Annie Ernaux fait son entrée en littérature en 1974 avec Les Armoires vides, un roman autobiographique. En 1984, elle obtient le prix Renaudot pour un autre de ses ouvrages à caractère autobiographique, La Place.
Les Années, vaste fresque qui court de l’après-guerre à nos jours, publiée en 2008, est récompensée en 2008 et 2009 par plusieurs prix. Cette même année 2008, elle reçoit le Prix de la langue française pour l’ensemble de son œuvre9.
En 2011, Annie Ernaux publie L’Autre Fille, une lettre adressée à sa sœur, décédée avant sa naissance10, ainsi que L’Atelier noir, qui rassemble différents carnets d’écriture constitués de notes, de plans et de réflexions liées à la rédaction de ses ouvrages. La même année, une anthologie intitulée Écrire la vie paraît dans la collection « Quarto ». Elle rassemble la plupart de ses écrits autobiographiques et propose un cahier d’une centaine de pages, composé de photos et d’extraits de son journal intime inédit.
En avril 2016, elle publie à nouveau un récit autobiographique, Mémoire de fille, dans lequel, près de soixante ans plus tard, elle se penche sur l’année de ses 18 ans, l’été 195811, lorsqu’elle a ses premières relations sexuelles pendant une colonie de vacances dans l’Orne — expérience qui restera pour elle, comme elle l’écrit dans l’ouvrage, « la grande mémoire de la honte, plus minutieuse, plus intraitable que n’importe quelle autre. Cette mémoire qui est en somme le don spécial de la honte ».
En 2017, elle reçoit le prix Marguerite-Yourcenar, décerné par la Société civile des auteurs multimédia13, pour l’ensemble de son œuvre.
Son œuvre est de plus en plus traduite et diffusée en langue anglaise, notamment ses deux ouvrages Les Années et L’événement14. Ce dernier est adapté au cinéma L’Événement en 2021 par Audrey Diwan