À l’approche de l’hiver, l’angoisse se fait durement ressentir quant à l’expectative de pénurie de gaz. Cette angoisse s’accentue particulièrement en Europe, où on pense déjà à une alternative au gaz russe, dont les livraisons seront réduites à la portion congrue, en raison du bras de fer continu entre l’Occident et Moscou.
Or, une alternative sérieuse et crédible est déjà sur la table de Bruxelles. Le projet de gazoduc Maroc-Nigeria fait son chemin depuis la visite effectuée par le Roi Mohammed VI à Abuja, du 1er au 3 décembre 2016. Un travail d’anticipation qui confirme la hauteur de vue du Souverain et du président nigérian Muhammadu Buhari.
Ce projet visionnaire promet de changer la donne stratégique en Afrique et en Europe, qui cherche à briser son indépendance envers la Russie, accusée de faire chanter le Vieux-continent sur cette matière vitale qu’est le gaz.
Des « pourparlers » entre le Maroc et l’UE pour financer le projet
Seule ombre au tableau: le financement du projet. Or, une récente déclaration de la DG de l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), Amina Benkhadra, fait état de « pourparlers » entre le Maroc et l’UE. Une déclaration qui a d’ailleurs été confirmée à un confrère bruxellois. « Bruxelles explore les options pour augmenter les importations de GNL en provenance du Nigeria. Ce pays est déjà le quatrième plus grand exportateur vers l’UE, mais a le potentiel d’y contribuer encore plus ».
Même tonalité relevée sur le site économique espagnol « La Información », dans son édition du 6 août 2022. »Bruxelles voit dans les gisements nigérians une opportunité qui remplit d’espoir les territoires européens, en raison de la possibilité réelle d’échapper au joug de Poutine. Un partenaire fiable -Nigeria- pour le Vieux Continent en raison de sa capacité à exporter des hydrocarbures sous forme liquide ces dernières années. De plus, les relations entre ce territoire, considéré comme un allié , et l’UE se sont renforcées au fil du temps », certifie le site madrilène.
Et d’ajouter: « Ce projet n’est pas nouveau dans les bureaux bruxellois. Depuis la fin de 2021, des entreprises internationales, divers gouvernements africains et organisations concernées s’interrogent sur la possibilité que le gazoduc reliant le Nigeria à l’Espagne (via le Maroc) soit une réalité. Un plan qui, s’il se concrétise, traversera une dizaine de pays africains par voie maritime (Bénin, Togo, Ghana, Côte d’Ivoire, Libéria, Sierra Leone, Guinée Conakry, Guinée-Bissau, Gambie, Sénégal, Mauritanie et , enfin, le Maroc) ».
Autant dire l’intérêt que suscite le projet de gazoduc Maroc-Nigeria, dont la réalisation à terme profitera aussi bien à l’Afrique qu’à l’Europe.
Alger joue les parasites…
Effarée à l’idée de réussite de ce projet, Alger a ressorti des cartons le projet mort-né de gazoduc trans-saharien (Nigeria-Algérie), mais ce projet n’inspire pas confiance. D’autant moins qu’il est censé traverser une zone instable, en l’occurrence, la région sahélo saharienne, devenue le nouvel épicentre du terrorisme international. D’autant moins encore que le porteur du projet, l’Algérie, n’est pas crédible aux yeux des investisseurs étrangers.
Le projet de gazoduc Nigeria-Maroc demeure la seule alternative sur la table. L’Europe le sait, les États-Unis aussi. La question maintenant est de mettre les fonds nécessaires à l’aboutissement de ce projet vital pour la région.