Deux semaines après sa réélection pour un second mandat à la tête de la République de France, Emmanuel Macron n’a toujours pas nommé son nouveau gouvernement. L’absence d’annonces laisse planer le suspense total sur l’identité du prochain locataire de Matignon, -le premier ministre sortant Jean Castex aurait peu de chances de rempiler pour un deuxième mandat-, mais aussi et surtout sur celui qui va prendre la tête du « maroquin » des Affaires étrangères.
L’éventualité de voir Jean-Yves le Drian rempiler à la tête du Quai-d’Orsay ne fait en tout cas pas l’unanimité dans les médias français. Et ce n’est surtout pas ce « billet » corrosif de Charline Vanhoenacker, journaliste de France Inter, qui nous contredira. « Vous êtes Ministre depuis bientôt 10 ans ! Vous avez bien compris que pour durer, il valait mieux être aux Affaires Étrangères qu’à la Transition écologique. Résultat, vous avez travaillé avec deux présidents: Hollande et Macron. Et donc, la question que tout le monde se pose aujourd’hui c’est: « De qui Jean-Yves Le Drian sera-t-il le ministre en 2022 ? » , a-t-elle ironisé, un certain jeudi 18 février 2022.
Outre sa longévité ministérielle, Jean-Yves le Drian, âgé de 74 ans, laisse un bilan très mitigé durant le précédant quinquennat. Le retrait des soldats français du Mali, au profit du groupe Wagner (armée secrète du président russe Vladimir Poutine) et des terroristes de tout poil qui reprennent du poil de la bête dans la région sahélo-saharienne, sonne comme un échec retentissant de la diplomatie française.
À cela s’ajouterait, cette vieille affaire sulfureuse, une présumée intervention de Jean-Yves Le Drian en 2015, du temps où il était ministre de la défense (et donc en charge de l’opération Barkhane), auprès de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, afin que son fils Thomas Le Drian décroche le marché des passeports, au détriment de la société canadienne Bank note qui était jusque là chargée de la confection de ces documents.
Sur le registre des relations franco-marocaines, il faut reconnaître aussi que le bilan de Jean-Yves le Drian a été très peu reluisant. M. Le Drian visitait plus Alger que Rabat, il était aussi très peu expressif sur le Maroc, notamment sur la première cause des Marocains. Il faut avouer que la position de la France n’a pas nettement évolué.
Pourtant, le dossier a franchi des étapes importantes depuis la reconnaissance par les États-Unis de la pleine souveraineté du Maroc sur ses Provinces sahariennes. L’appel de clarification lancé par le Roi Mohammed VI, lors du mémorable discours du 6 novembre 2021, a résonné très favorablement à Berlin et à Madrid qui ont reconnu solennellement le bien-fondé du Plan marocain d’autonomie, alors que la France sous feu Jacques Chirac s’était prononcée clairement en faveur de la marocanité du Sahara.
Macron II est donc appelé à faire preuve d’audace sur une question vitale pour les Marocains. Il y va de de l’intérêt de deux nations unies par une forte communauté d’histoire et d’avenir.