L’affaire des dé-jeuneurs de Ramadan, interpellés hier mercredi 27 avril dans un café à Casablanca, serait passée inaperçue, n’eût été ce côté malencontreux de sur-théâtralisation. A-t-on pensé à l’image du pays en donnant à ce fait divers récurrent et devenu presque banal cet effet médiatique spectaculaire, de surcroît indésirable, -il a servi la soupe à certains médias étrangers spécialisés dans « la moitié vide du verre ».
Une chose reste sûre: le timing et le mode opératoire suivi sont tout sauf pertinents. Un, cette affaire éclate alors que le Maroc, conformément à son texte constitutionnel de 2011, se prépare à ratifier, dans les prochains jours, le protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Deux, le Conseil national des droits de l’Homme, qui est une institution constitutionnelle, a déjà émis con avis contre l’article 222 du Codé pénal stipulant qu’ »une rupture du jeûne en public est passible d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à six mois ». Trois, cet article est loin de faire l’unanimité chez les Marocains. Et puis après, cette fausse-vraie affaire profite, faut-il l’occulter?, aux champions du bigotisme chez nous, les islamistes en particulier.
A-t-on donc besoin de tout ce « ramdam » autour d’une affaire qui relèverait (presque) des marronniers du mois de Ramadan?
Maintenant, si on veut vraiment susciter le débat autour de cette affaire, il faut le faire dans la sérénité, par la confrontation d’idées et d’arguments, et non sous le coup de l’émotion, encore moins sous le regard indiscret des caméras.
Ce débat passe nécessairement par l’appareil législatif, qui n’en est d’ailleurs pas à une contradiction près. Au nom de quelle logique peut-on délictualiser « la rupture du jeûne » et ne pas en faire de même concernant celles et ceux qui ne font pas la prière, qui ne donnent pas l’aumône (Zakat), qui font partie aussi des 5 piliers de l’Islam?
Loin de nous l’idée de défendre ici « la rupture du jeûne », encore moins sa pratique « en public ». Encore faut-il au législateur définir clairement la notion de « public ». Où commence la liberté des uns et où finit celle des autres. Ce qui n’est pas encore fait.
Autant dire que sur le volet précis de la législation, il y a à boire et à manger.
Bon appétit!