Le président du directoire du Groupe Crédit Agricole du Maroc, Tariq Sijilmassi, met en avant, dans un entretien accordé à la MAP, les efforts consentis par le groupe pour accompagner les programmes de lutte contre la sécheresse, les résultats financiers du groupe ainsi que les perspectives d’avenir.
1- Comment s’expliquent les résultats positifs réalisés par le Groupe ?
La bonne performance du Groupe Crédit agricole s’explique par plusieurs facteurs. Nous avons adopté une stratégie commerciale qui se base sur l’amélioration de nos ressources, ainsi qu’une nouvelle politique fondée sur la diversification de notre offre.
Nous nous sommes également engagés à renouveler nos produits et services de manière à ce qu’ils répondent le mieux possible aux besoins des clients, ce qui nous a permis de renforcer nos efforts pour contribuer au développement économique, tout en accordant une importance particulière à l’agriculture et aux industries agroalimentaires et au monde rural.
Le produit net bancaire a ainsi atteint 4,3 milliards de dirhams (MMDH), en hausse de 7% par rapport à fin 2020, et ce grâce à l’amélioration de la marge d’intérêts et les marges de commissions, tandis que le résultat net du groupe s’est établi à 341 millions de dirhams, en hausse de 89% par rapport à la même période de l’année précédente.
Je tiens aussi à saluer les efforts consentis par l’ensemble des cadres et employés de la Banque, qui ont joué un rôle important dans l’atteinte de ces résultats.
2- Quelles sont les mesures prises par le Groupe pour la mise en œuvre du plan gouvernemental de lutte contre la sécheresse ?
Dans le cadre de la mise en œuvre du programme exceptionnel pour atténuer les effets du retard des précipitations, le Groupe Crédit agricole s’est mobilisé, en tant qu’institution citoyenne fidèle à sa mission de service public, et de soutien du monde rural pour mettre en œuvre le programme lancé en exécution des Hautes Orientations de SM le Roi Mohammed VI que Dieu l’Assiste, et visant à mobiliser une enveloppe budgétaire de 10 MMDH pour lutter contre les effets de la sécheresse.
Le CAM a lancé un programme basé sur trois axes: Premièrement, la mise en place d’une enveloppe additionnelle de 6 MMDH dédiés à 4 produits (cultures printanières, arboriculture, cheptel et cheptel laitier), et pour financer le comblement des besoins du marché national en céréales et légumineuses en aliments de bétail. Deuxièmement, le traitement de l’endettement des agriculteurs pour leurs échéances à venir, et l’accompagnement financier des investissements innovants en matière d’eau d’irrigation. Ces quatre produits visent à financer les cultures printanières et permettre aux agriculteurs dans les régions adéquates à installer ces cultures, en plus du financement et la préservation des arbres fruitiers et la sauvegarde du cheptel.
Il s’agit aussi d’aider les éleveurs à sauvegarder leur cheptel et pouvoir acquérir l’orge mis à leur disposition par le ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts au niveau des différents souks du Royaume. Afin de remédier à la situation actuelle des élevages laitiers caractérisés par la faiblesse des taux de naissance et la perspective de réduction des effectifs, le Crédit Agricole du Maroc a procédé également à la mise en place d’un produit spécifique dédié au financement de l’acquisition des génisses permettant la reconstitution du cheptel laitier. Dans le but de soutenir les agriculteurs pendant cette campagne difficile, le CAM a mis en place dans un premier temps un certain nombre de mesures pour proposer des solutions optimales et réalistes, notamment la mise en place d’un moratoire pour les petits agriculteurs opérant au sein de toutes les filières de productions agricoles, le report avec décalage d’une année des échéances des crédits échus et la suspension des actions en justice anciennement intentées.
3- A quel point ces mesures ont été efficaces et quelles sont les retombées directes sur les agriculteurs ?
Il est à noter tout d’abord que nous avons conçu l’enveloppe budgétaire mobilisée en adéquation avec la conjoncture actuelle, de manière à ce que les crédits soient distribués selon l’évolution des conditions climatiques. Par exemple, avec les précipitations qu’a connues le Royaume dernièrement, nous allons accorder la priorité au financement des cultures printanières. Nous estimons ainsi que les mesures prises répondent parfaitement aux besoins des agriculteurs en cette conjoncture. Le plus important pour nous est de renforcer la confiance de l’agriculteur en l’avenir et lui transmettre, à travers notre accompagnement, un message d’espoir et une réaffirmation de notre pleine solidarité inconditionnelle ainsi qu’avec tout le monde rural notamment durant les moments difficiles.
4- Comment évaluez-vous le parcours de « Dar Al Moustatmir Al Qaraoui » ?
Dans le cadre de nos efforts pour soutenir les porteurs de projets en milieu rural et de leur créer toutes les conditions pour réussir, le Crédit Agricole a lancé un nouveau dispositif d’accompagnement spécialisé « Dar Al Moustatmir Al Qaraoui ». Une structure d’accueil, d’encadrement et d’orientation qui vise à accompagner efficacement les entrepreneurs dans la préparation, le montage et la concrétisation de leurs projets, de sorte à ce que les dossiers présentés au financement aient le maximum de chances de réussite. Depuis le lancement de ses centres dans les différentes régions du Royaume, « Dar Al Moustatmir Al Qaraoui » a connu une grande affluence, en accueillant quelque 800 porteurs de projet qui ont été accompagnés dans l’élaboration de leurs projets et leurs dossiers de financement.
« Dar Al Moustatmir Al Qaraoui » travaille ainsi en étroite collaboration avec les services du ministère de l’agriculture chargés de l’accompagnement, tels que l’Office national du conseil agricole et les directions régionales.
Nous sommes fiers du travail accompli par cette nouvelle structure qui joue un rôle très important dans l’encouragement des jeunes à l’investissement et l’entreprenariat dans le monde rural.
5- Quels sont les objectifs et les mesures prévues par le groupe dans le contexte d’une mauvaise campagne agricole ?
Le Crédit Agricole du Maroc est pleinement mobilisé pour accompagner les prochaines étapes. Nous allons mettre en place les solutions nécessaires pour permettre aux agriculteurs de poursuivre leurs activités et traiter leur endettement.
Nous sommes en train d’examiner tous les moyens possibles et les mesures nécessaires, en coordination avec le ministère de l’Agriculture, pour que nous puissions dépasser cette conjoncture et entamer la prochaine campagne dans les meilleures conditions.
6- Quelles sont les répercussions des dernières précipitations sur la campagne agricole ?
Après les dernières précipitations de mars, un vent d’optimisme a soufflé chez les agriculteurs.
Après une période difficile marquée par les répercussions de la pandémie du covid-19 et le retard des précipitations ainsi que par la crise économique, ces précipitations apportent une bouffée d’oxygène au monde rural qui connaîtra certainement une dynamique positive et un nouveau souffle.
Ces pluies auront un effet positif sur le secteur agricole, notamment sur les cultures printanières et l’élevage.
Au niveau des régions concernées, comme le Gharb et Saïss, les cultures printanières, lancées normalement au début du mois de mars, seront rattrapées et installées suite aux récentes précipitations. D’autre part, ces pluies ont permis de reconstituer les pâturages, ce qui est bénéfique pour les petits éleveurs, qui ne seront plus contraints à céder leur cheptel .