Les États d’Europe Centrale font face à une flambée des prix des produits alimentaires et d’autres matières premières provoquée par la crise entre la Russie et l’Ukraine, deux gros producteurs de céréales dont dépendent directement les États de la région.
De la Hongrie à la Roumanie en passant par la Tchéquie, la Slovaquie, la Pologne et la Bulgarie, tous membres de l’UE et de l’OTAN, ces pays subissent les conséquences de la crise russo-ukrainienne suite à la décision de Moscou de limiter les exportations de céréales alors que l’Ukraine, jusqu’ici considérée comme le grenier de l’Europe, est occupée par son différend avec la Russie qui impacte la production céréalière.
La Russie a annoncé, mercredi, introduire une interdiction temporaire d’exportation de céréales et de sucre vers les pays de l’Union économique eurasiatique, alliance économique réunissant cinq des ex-républiques soviétiques comprenant outre la Russie, le Kazakhstan, la Biélorussie, l’Arménie et le Kirghizstan. Cette interdiction temporaire sur les céréales, qui reste valable jusqu’au 30 juin, vise à « protéger le marché alimentaire intérieur face aux restrictions extérieures », selon le gouvernement russe.
Depuis le déclenchement des hostilités en Ukraine le 24 février, les prix des denrées alimentaires augmentent en Europe Centrale. Les prix du pain, des huiles et des produits agricoles ont sensiblement augmenté amenant les gouvernements à intervenir pour fixer des tarifs sociaux. La Pologne, tout comme la Hongrie, la Slovaquie et la Tchéquie ont annoncé des hausses de salaires pour amortir ces augmentations alors que la Roumanie et la Bulgarie ont décidé d’accorder des aides aux plus démunis.
Selon le quotidien polonais, Gazeta Wyborcza (La gazette électorale), les prix des produits alimentaires flambent dans les pays d’Europe Centrale qui dépendent des importations céréalières, ajoutant que l’arrivage du blé enregistre un ralentissement en raison de la crise russo-ukrainienne. Plus celle-ci s’installera dans la durée, plus les prix connaitront une hausse, ajoute-t-on de même source. La Pologne et la Hongrie ont décidé de supprimer la TVA sur les produits alimentaires, le but étant de protéger le pouvoir d’achat des familles à faible revenu.
En Bulgarie, la flambée des prix affecte la confiance en le nouveau gouvernement, rapporte la radio Bulgare, qui, citant les résultats d’un dernier sondage, note que 56 pc des personnes interrogées ne font pas confiance à l’exécutif. Le parti au pouvoir « Poursuivons le changement » voit s’effriter la confiance de ses sympathisants, passant de 25 pc à 22 pc, ajoute la même source qui lie ce mécontentement à la hausse des prix.
En République tchèque, aux inquiétudes liées à la crise russo-ukrainienne et à l’arrivée des réfugiés ukrainiens viennent s’ajouter les hausses des denrées alimentaires et du carburant, lit-on à la une des journaux locaux qui notent que jamais le taux d’inflation n’a atteint 11, 1 pc depuis 1998.
Selon le gouverneur de la banque centrale tchèque Jiri Rusnok, l’inflation pourrait atteindre jusqu’à environ 13 ou 14 pc à la fin de l’année, précisant qu’aucun recul de l’inflation n’est attendu dans les prochains mois.
Même situation en Slovaquie voisine où le gouvernement a décidé de ramener de 20 à 5 pc le taux de la TVA sur les produits alimentaires et d’accorder un chèque énergie de 150 euros pour chaque famille en vue d’atténuer la hausse des prix du carburant.
La hausse de l’inflation frappe durement les Etats d’Europe centrale à cause de la flambée des cours des matières premières et les difficultés d’approvisionnement ainsi que la hausse des salaires, selon des experts économiques cités par des journaux locaux.
Les Etats d’Europe Centrale, qui font face à ces hausses des prix, continuent d’accueillir les réfugiés ukrainiens dont le nombre a dépassé 3 millions de personnes ayant fui la guerre, selon les Nations-Unies.
La Pologne accueille le plus grand nombre de réfugiés (1, 8 million) , la Roumanie (453.000), la Moldavie (337.000 ), la Hongrie (263.000) et la Slovaquie (213.000). Près de 90 pc des réfugiés sont des femmes et des enfants, selon le HCR.1580918023