CHAOS LORS DU MATCH AS-FAR-MAS: À QUI LA FAUTE?

Les incidents survenus hier dimanche au stade Moulay Abdellah à Rabat ne sont pas une foutaise. Ils sont -excusez l’euphémisme!- d’une gravité extrême. La défaite essuyée à domicile par l’AS-FAR face au MAS de Fès (0-2) ne saurait expliquer, encore moins justifier, les actes de violence entre supportéristes inconscients, de quelque camp qu’ils soient, les attaques inacceptables contre les symboles d’autorité, le saccage des équipements du stade, voire les biens d’autrui vandalisés à l’extérieur du stade, dont des voitures brisées par des jets de pierre, que sais-je encore, des coups de bâtons! 

Peut-on toutefois attribuer ce qui vient de se passer aux seuls supportéristes sans risquer de passer à la trappe les véritables causes du mal?

Parlons vrai, parlons clair: les fâcheux incidents du stade Moulay Abdellah sont le marqueur d’un malaise social qui s’accroît de jour en jour au sein d’une jeunesse livrée à elle-même. Une jeunesse en panne de repères, de boussoles, de modèle de société où ils peuvent s’intégrer simplement.

Une triste réalité qu’on ne peut mettre sur le seul compte des violences dans les stades (hooliganisme), qui sont au demeurant un fléau mondial. Les stades ne sont pas en effet le seul lieu où « s’exprime » cette malencontreuse violence, et pour s’en apercevoir, il n’est qu’à regarder vers les quartiers populaires, les transports en commun, voire les établissements scolaires, pour ne pas parler des réseaux-poubelle où, à la faveur du silence généralisé, cette violence est tolérée, voire banalisée. 

Cette réalité affligeante réinterroge l’utilité même du système éducatif national qui ne remplit plus suffisamment son rôle dans la transmission des valeurs civiques, pas plus d’ailleurs que les maisons de jeunes ou ce qu’il en reste, les partis politiques qui se complaisent dans cette posture de « boutiques électorales » et n’assument plus leur mission dans l’encadrement des jeunes, les officines associatives d'(in) utilité publique…

Quand à cela, il faut ajouter les « exploits » d’une certaine presse trop « jaune » pour les jeunes, usant et abusant du voyeurisme, du strip-tease sentimental, du populisme ringard, j’en passe et des meilleurs, on comprend aisément pourquoi la violence est devenue un mode d’expression et d’action pour assouvir ses désirs, imposer son vouloir, sa volonté et ses « idées » à autrui.