Le tiers de la population mondiale serait actuellement confiné et le monde vit à l’heure du Covid-19, cet élément microscopique qui provoqua des effets incalculables à l’échelle mondiale.
Le Maroc fit très tôt le choix courageux axé sur le préventif afin de garantir la sécurité sanitaire de la population, au détriment de considérations économiques
Un choix intrépide vu nos ressources, mais beaucoup moins grave en observant les drames que provoquèrent les tergiversations de l’autre côté de la Méditerranée.
Quoique des irréductibles il y en a toujours, dont la majorité des gens bien ou moins bien informés imputent l’attitude à l’ignorance et/ou l’inconscience.
En cause, l’éducation et la culture qui sont parmi les secteurs parents pauvres de l’ancien modèle économique vacillant appelé à changer.
L’éducation bien évidemment est un sujet primordial dans la construction d’une société à la hauteur des défis qui nous attendent, mais en parallèle la culture gagnerait à être redéfinie en tant que réel vecteur de développement.
Hélas, des initiatives marquant des points de rupture, le Maroc en a peu connu concernant ce secteur jugé souvent à tort comme accessoire.
Les exemples sont légion de par le monde de l’émergence d’industries culturelles génératrices de richesse et d’emploi ; mais participant également à la dynamisation du secteur touristique.
Le soft power chinois n’est-il pas basé sur le rayonnement culturel en parallèle des actions économiques et politiques ?
Chez nous, le brouhaha ambiant est rompu par le silence assourdissant du Ministère de tutelle depuis le début de la crise du coronavirus.
Concrètement, le 16 mars dernier, un communiqué annonce la création d’une cellule de suivi de crise ; dont on ne connaît ni les moyens ni la composition et avec une idée assez générale des objectifs.
Suivi le 20 mars par une action de participation des fonctionnaires dudit Ministère au Fonds Spécial ; qui même si louable et bienvenue ne concerne en rien le secteur.
Alors que plusieurs pays ont pris des mesures d’accompagnement, rien de concret n’a été annoncé ; à l’heure où beaucoup d’acteurs culturels montent au créneau concernant les versements des subventions dues de l’année 2019.
Ces acteurs sont au nombre de deux catégories, recensées par ailleurs dans loi sur le statut de l’artiste et des professions artistiques pas encore entrée en vigueur ; la première, sont celles et ceux dont c’est l’activité principale génératrice de leurs revenus et la seconde dont c’est une activité complémentaire.
L’impact de ce flou sur la situation socioéconomique des acteurs culturels est d’une part le risque de précarisation et secundo une reprise de l’activité post-crise plus que problématique.
La crise étant arrivée en pleine saison culturelle, elle met en péril l’année en cours en termes d’industrie cinématographique, de production audiovisuelle, de spectacles vivants, de festivals, de productions musicales et j’en passe.
Si nous avions fait de la culture un réel axe de développement, nous n’aurions peut-être pas assisté à des scènes abracadabrantesques dans nos rues, au moment où l’Etat mise sur une réelle conscience citoyenne.
La culture, à l’instar de son homonyme agricole, est ce que l’on récolte ; encore faut-il en semer les bonnes graines.
Si cette crise nous en apprend en tant qu’individus et que société, espérons que les leçons à en tirer seront prises en compte à l’aube d’un nouveau modèle de développement.