Des voix s’élèvent, à juste titre, pour demander à tirer les leçons du drame de l’enfant Rayan. Or, quelle meilleure leçon retenir de ce drame que cette « revanche » de la marge sur le centre? Les politiques doivent avoir l’humilité de reconnaître qu’ils ont eu tort de ne pas avoir su prendre la mesure du potentiel que recèle ce Maroc « profond », de n’avoir pas fait assez pour valoriser ses enfants dont le « délit », paraît-il, est d’être nés là où il n’est peut-être pas bon de naître, pour émerger, s’épanouir et réussir.
Il est faux de penser que le trésor perdu se trouve souvent sous le réverbère, toujours est-il que ce trésor se cache dans l’obscurité.
Une vérité que le petit enfant d’Ighren, -un village resté jusqu’il y a peu inconnu de la carte postale-, à la face d’une classe politique qui n’a pas su se hisser à la hauteur du çap fixé par SM le Roi Mohammed VI, soit ce chantier majeur de la régionalisation, avec ce que cela comporte d’équité territoriale, d’égalité des chances pour tous les enfants du pays.
L’enfant d’Ighren, Paix à son âme!, a donné des Marocains l’image épiphanique d’un peuple uni, soudé et solidaire face aux épreuves. Ce n’est pas un hasard si, lors de la prière mariale accomplie hier dimanche au Saint-Siège (Rome), le Pape François a salué et remercié le peuple marocain pour cette belle leçon d’ « union pour sauver l’enfant Rayan ».
Qui pouvait penser aussi que cet enfant de 5 ans puisse unir le monde entier, au-delà de toute barrière de langue, de culture ou de religion? Qui pouvait penser encore que son histoire puisse émouvoir la planète entière et propulser ce Maroc tant aimé au-devant de la scène médiatique internationale?
Loin de nous toute pensée clivante, toute idée de mettre le centre contre la marge. Nous voulons simplement attirer l’attention sur cette longue justice faite à cette marge qui ne demande qu’à arrimer son wagon à la locomotive de ce Maroc qui doit tenir sur ses deux jambes, en intégrant (réellement) la marge au centre à la faveur d’un progrès appelé des voeux et hautes luttes du Souverain et son peuple.
L’histoire du berger du douar Tilmi, encastré dans le Haut Atlas, avec les deux touristes françaises, pas plus tard qu’en décembre 2021, a aussi de quoi nous interpeller et nous inviter à ce nécessaire devoir de modestie envers ces « héros anonymes » qui font beaucoup de bien à leur pays. M’hamed El Mekki, avec un simple geste hospitalier (du pain offert aux deux randonneuses), a donné du Maroc cette image iconique d’un pays généreux.
Grâce à cette histoire devenue virale sur la centrifugeuse des réseaux sociaux, nous avons pu découvrir que ce berger était aussi un artiste (sculpteur sur pierres), que ces créations, -de véritables bijoux d’art!-, embellissaient les armoiries de visiteurs étrangers plutôt que les cimaises de nos musées et autres galeries.
Merci Rayan et M’hamed d’avoir rendu justice à ce Maroc de « l’ombre » et… des lumières.