MAROC-ALLEMAGNE: CE QUE LA POLITIQUE DOIT À LA CULTURE

Le ministère allemand des Affaires étrangères a adressé une lettre de remerciements à dix potentialités marocaines issues du monde de la science et de la culture, pour leur rôle dans le dégel des relations entre Rabat et Berlin.

Un témoignage de reconnaissance qui mérite attention et appelle quelques remarques. Un, ce témoignage émane du département allemand des Affaires étrangères, à sa tête la nouvelle cheffe de la diplomatie Annalena Baerbock. Deux, il met en exergue le rôle des acteurs scientifiques et culturels marocains établis dans le pays de Goethe, Hölderlin, Nietzsche, Hermann Hesse… Trois, il renseigne sur l’estime que l’Allemagne voue à la société civile et à la culture en particulier. La politique divise, la culture rassemble.

Ce témoignage, par ricochet, nous jette cette triste vérité à la face: La culture de la reconnaissance et du résultat continue de faire cruellement défaut au Maroc. On ne cherche pas à tirer la couverture médiatique vers soi quand, à l’ombre des projecteurs, certains agissent dans la discrétion, parfois plus efficacement, pour le bien de leur pays.

Ce témoignage remet aussi sur le tapis l’absence terrible de considération pour le rôle que l’intelligentsia marocaine, ici ou ailleurs, peut jouer sur la scène politique nationale… et internationale. Il est triste de constater qu’au XXIè siècle, la culture continue d’être considérée ici comme un « luxe », alors que sous d’autres cieux, elle est appréciée à sa juste valeur et encouragée pour jouer un rôle moteur dans l’épanouissement des citoyens. 

Il est encore plus triste de voir l’État se taire sur cette « peopolisation » rampante de l’insignifiance, de l’infirmité intellectuelle, de l’ignorance, de l’inculture ordinaire, à telle enseigne que le postérieur (Moakhira) de Cheïkha (Krafess) compterait plus que la « Muqaddima » d’Ibn Khaldoun.

L’auteur des « Prolégomènes » se serait retourné dans sa tombe s’il avait appris que son ancienne demeure à Fès avait été mise en vente. 

On comprend dès lors pourquoi les nouvelles générations manquent de repères, toujours est-il que les faux prennent le dessus sur les vrais.

Après cette « digression » nécessaire, et pour clore cette parenthèse, un appel s’impose: intégrer le facteur culturel dans les programmes de coopération internationale. 

La compréhension entre les peuples passe nécessairement par là. 

Vivement alors!