Dans la médina de Fès, il faut se perdre pour se retrouver ! Ce côté labyrinthique de la médina n’est que le sort réservé à celui qui vient d’ailleurs. Les habitants de la médina de Fès n’ont jamais intégré cet aspect de l’errance comme une réalité propre. L’errance peut être vécue par les nouveaux arrivants comme une sorte de défi pour trouver une sortie ou une issue qui peut s’annoncer délicate et difficile.
On ne sort jamais indemne de cette expérience. Un musée vivant, une ville qui a eu la chance d’être épargnée d’un projet d’aménagement au temps du Maréchal Lyautey qui consiste à faciliter la circulation et donner l’accès aux véhicules dans la médina. Cette décision a permis à la médina de garder l’aspect d’une ville médiévale, hors du temps. Pas de voitures dans la médina ! Ce sont les ânes et les mulets qui assurent cette fonction. Balek Balek, « faites attention », c’est le mot que nous entendons en parcourant la grande ou la petite montée.
La médina de Fès nous invite à marcher, d’où vient ce titre « Le marcheur de Fès » d’Éric Fottorino. (Editions Gallimard, Collection Folio 2015). Marcher sur les pas des autres. Ceux qui ont pris le risque de faire la connaissance de ses lieux mythiques, Ibn Khaldoun, Ibn Arabi, Ibn Battouta, El Maïmouni, Léon l’Africain (Hassan Al Ouazzane), le Maréchal Lyautey et d’autres. Fès est devenue presque un passage obligé pour ceux qui veulent atteindre dans leur expérience humaine l’élévation et l’extase.
En ces temps modernes, la médina n’a pas perdu son âme. C’est pour cela que Meriem Ghandi, architecte, fervente alliée de la médina de Fès, révèle à ceux qui l’écoutent la quintessence de l’art de vivre d’une telle cité. Cette dernière abrite une architecture qui est le fruit de la rencontre de plusieurs civilisations. Dans une demeure, on est submergé de la subtilité d’un travail commun de plusieurs corps de métiers.
Lors d’une rencontre organisée par l’Association Soleil de Fès, en partenariat avec l’Institut français de Fès, entre Meriam Ghandi et des jeunes bédéistes marocains, on a pu découvrir une personne chevronnée avec un regard aiguisé qu’on doit mettre au service de ces jeunes talents afin qu’ils puissent faire émerger cette partie cachée d’un lieu qui se réinvente au fil du temps. L’architecte a révélé à quel point le ciel est pris en compte dans l’architecture. On le voit sous plusieurs angles selon notre parcours ou notre position dans l’espace intramuros de cette médina. Le ciel est présent pour accentuer la dimension spirituelle qu’inspire cette ville chez l’habitant.
Celui qui prétend connaître la médina de Fès, doit faire preuve d’humilité. Car il y a toujours quelque chose à découvrir dans les dédales d’une cité millénaire qui a le privilège de faire partie de ces lieux qui restent inaccessibles et qui portent la magie d’un incessant voyage.