Les chefs de partis de la coalition gouvernementale devraient se réunir aujourd’hui pour signer une charte qui leur permet d’accorder leurs violons pour éviter tout télescopage au cours de leur mandat. Sur le papier, cette alliance dirigée par Aziz Akhannouch semble être plus solide que les précédentes équipes dirigées par les islamistes Benkirane et El Othmani.
Il est vrai que l’Exécutif actuel possède l’avantage d’être une équipe resserrée avec seulement trois partis à la barre. Mais si l’alliance semble tenir bon par le haut il n’en demeure pas moins que des parlementaires et des élus locaux n’ont pas encore digéré cette entente qui leur a été imposée par le haut.
Après le scrutin du 8 septembre, plusieurs voix se sont élevées pendant les élections des conseils territoriaux et professionnels (communes, régions, chambres de commerce) contre ce deal qui les a privés d’accéder à la présidence de plusieurs conseils.
Même si cette fronde demeure relativement maîtrisée, il faut toutefois s’en méfier quand on sait qu’elle commence à s’afficher au Parlement à travers deux mastodontes de l’Istiqlal. Il s’agit des deux présidents des groupes parlementaires dans les chambres des représentants et des conseillers respectivement Noureddine Moudiane et Abdeslam Lebbar qui ne se gênent pas à critiquer le gouvernement où siègent leurs partis.
Noureddine Moudiane qui s’est distingué par ses interventions sarcastiques quand l’Istiqlal était dans l’opposition n’a aucunement changé de ton avec le gouvernement dirigé par Akhannouch. Lors de la discussion du projet de loi des Finances (PLF), il n’a pas hésité à remettre sur le tapis les dossiers chauds qu’il a tellement radotés comme le Hirak du Rif et la question des enseignants contractuels.
Pis encore, il a confié à ses collègues du groupe parlementaire qu’il avait avisé le chef du gouvernement qu’il continuera à défendre les intérêts de la population avec pugnacité. Autrement dit il va faire de l’opposition dans la majorité sans tenir compte des règles de jeu de la solidarité gouvernementale établie par les chefs des partis de la majorité.
Son alter ego à la chambre des conseillers le non moins frondeur Abdeslam Lebbar fait, lui aussi, de la résistance sans se soucier de ce qu’on dira-t-on. Il a, lui aussi, critiqué le gouvernement lors de la discussion du PLF en évoquant la hausse des prix et en demandant à la ministre de l’Économie de revenir au plafonnement des prix des produits de première nécessité.
Comme Moudiane le chef du groupe parlementaire Istiqlal en a fait savoir indirectement qu’il fera de l’opposition dans la majorité en affirmant que le fait d’être : « dans la majorité exige qu’on dévoile les faits et les problèmes … ». Au conseil de la ville de Casablanca c’est l’élu du PAM, Karim Glaibi, qui s’est distingué par ses critiques à l’encontre de la maire Nabila Rmili (RNI) en s’alliant avec l’opposition lors de la discussion du projet du règlement intérieur.
Le vice-président de l’arrondissement d’Ain Sebaa a martelé, sur un ton sec, que le conseil de la ville a échoué dans son premier examen en n’optant pas pour une approche participative. C’est dire que les chefs des partis de la majorité auront du pain sur la planche pour mettre en place une charte qui sera respectée par tous les élus.
Il faudrait pour ce faire convaincre ses voix dissonantes de prendre le train de la solidarité gouvernementale. Car si les frondeurs persistent à faire de la résistance ils pourront provoquer des clashs au niveau de l’exécutif.