Par Hassan Masiky*
Les Marocains ont pitié des diplomates espagnols désespérés. Ils sont si désespérés de contenir le Maroc qu’ils se jettent aveuglément dans les bras de la junte militaire illégitime et brutale qui a systématiquement ruiné tous les aspects de l’État algérien.
Les Marocains ont regardé avec amusement et perplexité les Algériens duper un gouvernement espagnol crédule en lui faisant miroiter la promesse de répondre aux besoins énergétiques de l’Espagne. Une fois de plus, l’Algérie a fait de l’Espagne un clown sur la scène internationale.
Madrid sait que la décision de l’Algérie de fermer le gazoduc traversant le Maroc était politiquement motivée. Et pourtant, Sanchez flirte toujours avec les généraux algériens en ignorant les besoins du peuple espagnol.
Le général Chengriha, leader de facto de l’Algérie, a envoyé des responsables espagnols courir comme des imbéciles pour implorer les nations arabes du Golfe d’approvisionner leur pays en gaz. Les actions pro-Algériennes de Madrid ont stratégiquement fait marche arrière, mais pas avant que Rabat n’ait décidé de geler les efforts pour améliorer les relations avec son voisin du nord.
De plus, le récent discours du roi Mohammed VI est une mauvaise nouvelle pour l’Espagne. Le souverain a déclaré que Madrid ne pouvait plus parler des deux côtés de la bouche. Les partis politiques espagnols ont minimisé sans relâche l’impact de leurs positions hostiles au Sahara marocain sur les relations tendues entre les deux nations.
Les Espagnols impatients interprètent mal les signaux de Rabat et sautent à chaque petit geste du palais royal marocain. La vérité est que les Marocains croient que leur diplomatie ne peut réussir que s’il y a une peur à Madrid de ce qui pourrait arriver à travers la Méditerranée.
La politique étrangère dépassée de l’Espagne est un frein à l’amélioration des relations avec le Maroc et finirait par tuer les économies des enclaves occupées de Ceuta et Melilla. Les ballets diplomatiques ridicules entre Madrid et Alger compliquent davantage la crise. L’ambiance diplomatique jadis s’améliorant à Rabat s’est rapidement effondrée sous les faux pas de Sanchez.
Les politiciens espagnols rêvent toujours d’améliorer les relations alors que Madrid n’a pas fait un seul pas pour combler le fossé grandissant entre les deux nations sur la question du Sahara. Les relations maroco-espagnoles sont à un tournant critique. La diplomatie espagnole doit clarifier ses positions ou garder des relations glaciales.
La coordination diplomatique entre l’Algérie et l’Espagne est l’une des raisons pour lesquelles le Maroc devrait rester méfiant vis-à-vis des véritables motivations de l’Espagne en Afrique du Nord. Les Marocains ne croient pas que Madrid tienne jamais sa promesse de respecter leurs intérêts stratégiques nationaux.
Le Maroc a tout intérêt à approfondir ses relations avec Israël et le Royaume-Uni, plutôt que de perdre du temps et de l’énergie à courtiser une Espagne faible. Rabat n’a aucune raison d’accueillir un voisin qui ne veut pas respecter son intégrité territoriale.
Feu le roi Hassan II croyait que les monarchies espagnole et marocaine pouvaient être le roc des relations entre les deux nations. Plus maintenant, Rabat ne peut plus miser sur le capital politique en faisant confiance à l’Espagne pour faire ce qu’il faut. Si l’approche du bon voisin échouait, exercer une pression maximale pourrait donner lieu à une position espagnole plus amicale sur le conflit du Sahara. Rabat ne se fait aucune illusion sur l’establishment politique espagnol et les hommes et les femmes qui le dirigent.
Les accommodements de Sanchez aux demandes de l’armée algérienne en renvoyant les militants algériens des droits de l’homme et en accueillant des généraux algériens corrompus en Espagne donnent à Madrid un air faible et désespéré.
Le confort de Sanchez avec la junte militaire algérienne rend impossible un rapprochement diplomatique avec Rabat dans les circonstances actuelles. La politique étrangère simpliste de l’Espagne n’a pas fonctionné, et pourtant sa diplomatie reste stagnante et hors de propos en Europe et sur la scène internationale.
Contrairement aux arguments passés, Rabat n’est disposé à assouplir aucune de ses mesures aux frontières avec l’Espagne à moins que Madrid ne prenne des mesures de confiance sérieuses et crédibles. A ce stade, la balle est dans le camp d’un ministère espagnol des Affaires étrangères confus et non préparé.
Les gestes d’apaisement de Madrid et ses capitulations devant les exigences de la junte d’Alger ne passent pas inaperçus dans le monde. Il n’est donc pas surprenant que Rabat fasse aujourd’hui une diplomatie acharnée sur le dossier du Sahara. Rabat attend que Madrid se réveille de son coma diplomatique pour commencer à réparer les dégâts qui s’accumulent.
*Journaliste-écrivain établi aux États-Unis