RUPTURE PAR ALGER DU CONTRAT DU GAZODUC MAGHREB-EUROPE. LA VICE-PRÉSIDENTE ESPAGNOLE TERESA RIBERA S’ENVOLE À ALGER. MADRID FACE AU SPECTRE D’UN RUDE « IBÈRE ».

La nouvelle de la rupture du contrat du gazoduc reliant l’Algérie à l’Espagne à travers le Maroc, annoncée hier mardi par des sources gouvernementales algériennes à l’agence Reuters, donne des insomnies à l’Espagne. Le déplacement de la vice-présidente du gouvernement espagnol, Teresa Ribera, également ministre de la Transition écologique, ce mercredi à Alger, a pour objectif de s’assurer que la même quantité de gaz algérien acheminé à l’Espagne via le tronçon marocain du gazoduc Maghreb-Europe (1 tiers de l’électricité consommée par le pays) continuera d’atteindre la péninsule ibérique.

La décision unilatérale d’Alger de ne pas renouveler le contrat du gazoduc signé en 1996 a suscité la défiance de Madrid envers Alger, qui est dans l’incapacité évidente d’assurer l’approvisionnement en quantités suffisantes du royaume ibérique via l’autre gazoduc Medgaz, inauguré en 2011, et qui relie directement les champs gaziers algériens de Hassi R’mel à la ville d’Almeria.

Le voyage de la vice-présidente du gouvernement espagnol, intervient seulement un mois après celui, effectué le 28 septembre dernier à Alger, par le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Albares. Ce deuxième déplacement en l’espace d’un seul mois met en évidence la méfiance de Madrid quant à la capacité algérienne à répondre aux besoins énergétiques de l’Espagne.

C’est la raison pour laquelle le MAE espagnol s’était rendu le 14 septembre dernier au Qatar, 4e producteur mondial de gaz naturel, derrière la Russie, les Etats-Unis et l’Iran. Lors de cette visite, le MAE espagnol avait rencontré, à Doha, l’émir Tamim, pour examiner la possibilité d’approvisionnement de l’Espagne en gaz qatari.   

« Le gouvernement Sanchez a besoin de toute urgence de 10.000 millions de mètres cubes pour éviter non seulement les pénuries, mais aussi des tensions sociales », aiguillonnées par « la crise économique et la hausse des prix de l’électricité« , avait indiqué le site espagnol OKDiario.

Le 5 septembre, le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, s’était engagé à baisser les tarifs de l’électricité avant la fin de 2021. Un engagement mis à rude épreuve par la décision des autorités algériennes de rompre l’accord tripartie signé en 1996.

Pour précision, la rupture du contrat du gazoduc Maghreb-Europe entraîne automatiquement la suspension de l’approvisionnement du Maroc en gaz algérien (640 millions de m3 de gaz).

Pour rappel, la Sonatrach et l’ONEE avaient signé en juillet 2011 à Alger, un contrat en vertu duquel l’entreprise publique algérienne s’engageait à livrer du gaz naturel au Maroc via le gazoduc Maghreb-Europe et ce, sur une période de dix ans.

Par cette décision, intervenue au lendemain de la rupture des relations algéro-marocaines en août dernier, il est clair qu’Alger a franchi le point de non-retour. Une décision qui démontre l’irrespect d’Alger de ses engagements envers les pays de son voisinage, avec lesquels elle est déjà en très mauvais termes. Cette décision aux relents de chantage démontre une fois de plus l’insoutenable légèreté de la junte militaire algérienne.