Dans une interview au quotidien « Le Figaro », Pierre Vermeren, professeur d’histoire des sociétés berbères et arabes contemporaines à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, a apporté un éclairage édifiant sur les dessous du regain de tension, d’une part, entre Alger et Paris, et de l’autre, entre Alger et Rabat.
À la question sur le pourquoi de ce regain de tension, l’historien français a eu cette réponse: « D’abord, le régime algérien ressuscite des ennemis historiques, et la France en est un. Il a également réactivé son hostilité à Israël, à travers la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc; l’Algérie accuse le royaume d’avoir reconnu Israël en échange de la reconnaissance de la marocanité du Sahara ».
Revenant sur les récents propos du président français au sujet du « système politico-militaire » accusé de vouloir entretenir « la rente mémorielle », M. Vermeren a avancé trois hypothèses. « Emmanuel Macron a peut-être réalisé que la réconciliation avec le régime algérien est impossible (…) Macron a choisi de dire la vérité aux Algériens », a-t-il soutenu.
Et d’ajouter: « Macron tente de prendre ses distances par rapport au régime algérien en prévision d’une radicalisation prochaine des opposants à ce régime à l’intérieur et à l’extérieur de l’Algérie ».
La troisième hypothèse avancée par l’historien est liée à l’élection présidentielle française prévue en mai 2022. « Macron chercherait à attirer les voix de la diaspora algérienne en France », laquelle est majoritairement opposée à l’oligarchie militaire grabataire.
Quoi qu’il en soit, et malgré la post-offre de Macron pour un relatif apaisement, ce qui devait être dit a été dit. Et le régime algérien en rupture de ban en a accusé réception.
C’est la première fois que la France officielle s’est prononcée à travers les déclarations de Macron sur la bichéphalie improductive, stérilisante et déstabilisante du pouvoir algérien. Il n’est pas anodin que la France officielle distingue entre, d’un côté, le président Tebboune, et l’institution militaire.