Près de deux décennies après l’action militaire internationale menée par les USA contre le gouvernement Taliban-1, officiellement tombé le 6 décembre 2001, ces mêmes combattants que l’on ne connaît que trop bien reviennent aux commandes.
Vingt ans et plusieurs milliards de dollars plus tard, quel bilan tirer du plus long conflit armé des États-Unis qui, rappelons-le, démarra sous la bannière de la guerre globale contre le terrorisme annoncée par Bush junior, 43e président de la première puissance militaire mondiale.
Durant cette période, non seulement les Talibans n’ont pas été vaincus, mais le régime théocratique a repris du poil de la bête!
Une illusion d’État a été maintenue pendant des années, sous large perfusion internationale ; une façade maintenue par le biais d’une présence militaire étrangère et à coup d’une corruption institutionnalisée.
Notons que cette région d’Asie centrale a depuis l’antiquité été un carrefour commercial important, où l’Afghanistan est en état de guerre depuis 1978, année de l’intervention soviétique ; sans évoquer les nombreux troubles antérieurs; et aucun grand projet structurant ne vient aujourd’hui participer à (re?)construire ce pays.
Citons par exemple l’exemple du mégaprojet chinois des nouvelles routes de la soie qui le contourne, ou encore le Gazoduc TAPI à l’arrêt, projet qui selon le service économique de l’ambassade de France en Azerbaïdjan aurait grandement participé à une stabilité régionale, puisqu’il relie entre autres l’Inde et le Pakistan -puissances nucléaire- depuis le Turkménistan.
Ajoutons à cela les 224.000 hectares de pavot en 2020, selon l’Office des Nations unies contre les drogues et le crime, dans un pays enclavé, à la géographie difficile et avec une population en grande majorité rurale ; nous avons donc une économie qui tarde à voir se dessiner les contours d’une réelle émergence.
Dans des zones d’influence géopolitique de deux puissances que sont la Fédération de Russie et la République Populaire de Chine, frontalier de la république islamique d’Iran, nous pouvons légitimement penser que dans une bataille géopolitique internationale, les puissances occidentales à leur tête les États-Unis n’ont pas intérêt à une stabilité régionale ; surtout si ledit pays échappe à leur influence directe.
Au regard des moyens engagés depuis de longues années, dont la majorité du peuple afghan n’a pas bénéficié, la question se pose donc avec acuité… Rappelons que les États-Unis sous plusieurs présidents ont oscillé entre réengagement et désengagement pour finir par une sortie de guerre loin d’être honorable…
Une sortie préparée depuis longtemps, avec les accords de Doha de 2020 entre les USA et les Talibans, qui avaient, rappelons-le, exclu le gouvernement officiel pourtant à l’époque soutenu et financé par les contribuables occidentaux.
Au(x) pays de la RealPolitik, l’idéologie, quelle qu’elle soit, n’est in fine simplement qu’une sémantique creuse ; comme cette situation afghane actuelle dont le peuple sera celui qui paie la facture, au sens propre et figuré.