Le 2 octobre 2020, le Maroc et les USA signent, à Rabat, un accord militaire historique sur une durée de 10 ans (2020-2030). Cet accord ouvrait la voie au Maroc d’entrer dans le club fermé des fabricants d’armes, en lui permettant dorénavant d’être autosuffisant en armement, et exporter des armes vers des pays tiers… Parallèlement, un accord a été obtenu pour continuer de doter le Royaume de nouveaux équipements militaires super sophistiqués et de matériels de surveillance à la pointe de la technologie mondiale comme les drones MQ-9B SeaGuardian.
Bien avant la signature de l’accord militaire stratégique Maroc-USA, Rabat avait passé commande de 25 F-16 « Viper » Block 70/72, une autre pour la revalorisation de ses 23 F-16 déjà existants au standard « Viper », outre les 36 hélicoptères Boeing AH-64 E Block III « Apache » dont le premier lot sera livré début 2025, un système sol-air MIM-104 Patriot, de missiles air-air avancés de moyenne portée Raytheon AIM-120 AMRAAM dans le cadre d’un contrat d’une valeur de 768 millions de dollars qui sera finalisé en février 2023…
Et ce n’est pas tout… Les tractations sont en cours pour la livraison au Maroc de l’avion de combat multi-rôle, conçu par le Pentagone pour l’offensive terrestre et les missions de supériorité aérienne, soit le F35 furtif de 5ème génération.
La multiplication des exercices militaires combinés entre le Maroc et les USA (African Lion), l’invitation des FAR aux exercices inter-alliés et inter-armées en mer Noire, en Israël… vient mettre en évidence cette volonté US savamment réfléchie de faire du Royaume la première puissance militaire à l’échelle de l’Afrique, et du pourtour méditerranéen…
La confirmation par l’Administration Biden de la pleine souveraineté du Maroc sur ses Provinces sahariennes vient aussi raffermir cette volonté américaine de consolider le leadership militaire, économique et politique du Royaume dans une région devenue un terrain de jeu favori pour les grandes puissances mondiales.
Il est vrai que le pari américain sur le Maroc ne date pas d’hier, le Royaume ayant été déclaré le 19 octobre 2003 « allié majeur hors-OTAN des États-Unis d’Amérique » par l’ancien président George. W. Bush. Mais le pari américain sur le Maroc ne s’arrête pas à ce cap important, il évolue au rythme des changements stratégiques qui se dessinent à l’horizon.
Maroc-USA: rebattre les cartes stratégiques de la région
L’Afrique, on le savait, avait été délaissée depuis longtemps par les USA, au profit de la Chine et la Russie, voire la république islamique d’Iran qui a mis à profit l’absence US d’un continent aussi stratégique pour tisser sa toile jusqu’en Afrique du Nord, notamment en Algérie, où elle est présente via son bras armé au sud-Liban, le Hezbollah, pour entraîner le mouvement séparatiste du « polisario ».
Les USA étaient certes conscientes des enjeux stratégiques qui se tissaient en Afrique, considérée à juste titre comme le futur levier de la croissance mondiale. Simplement, « ils avaient besoin d’un intermédiaire Africain qui allait réconforter ses paires du même continent sur la garantie du projet US. Ils ont donc choisi le Maroc », explique un géopolitologue, contacté par le Collimateur. « Mais pour cela, il fallait redorer l’image de ce pays dans le continent et lui permettre d’y consolider sa présence. Il fallait aussi le rendre puissant même à l’égard de l’Europe et ce, pour lui permettre d’influencer ses patriotes africains », certifie la même source.
« L’Amérique est de retour, Trump est parti, le jeu en toute liberté est terminé« , avait averti le président Biden, précisant que les USA ont aujourd’hui plus que jamais besoin de leurs alliés (multiplicateurs de force, selon l’expression du Secrétaire d’État US, Antony Blinken), pour contrer l’influence sino-russe qui continue de gagner du terrain, au détriment des intérêts vitaux des USA et leurs alliés stratégiques.
Se trompe quiconque mettrait les dernières décisions de l’Administration Biden sur le seul compte de l’amitié séculaire entre Washington et Rabat qui, en l’occurrence, commémorent en 2021 le 200ème anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques. Washington sait pertinemment que le Royaume est devenu le passage obligé vers l’Afrique. L’ouverture d’un bureau Prosper Africa au Maroc et les 5 milliards de dollars promis via ce programme gouvernemental américain, se veut une manière de réinvestir le continent via le Maroc, porte d’entrée vers un continent riche en ressources fossiles et donc en opportunités d’investissements.
A travers ce programme, les USA comptent verrouiller la façade atlantique au profit des Américains et empêcher que l’Afrique ne bascule vers les Russes et les Chinois qui commençaient à proposer des deals plus importants et plus viables que ceux de l’Europe. Les USA ont donc besoin d’un allié super puissant pour atteindre cet objectif. Et c’est tant mieux si les USA ont jeté leur dévolu sur le Maroc pour le faire bénéficier de leur stratégie d' »empowerment ».