Le mot « Tobiss » utilisé dans notre langage quotidien, n’est qu’une sorte d’emprunt arabisé du mot français « autobus ». Ce « Tobiss » est en train de faire sensation car l’Institut français du Maroc l’a adopté pour en créer un concept novateur afin d’assurer une bonne circulation de l’offre culturelle dans nos régions et dans les contrées qui ne disposent pas d’infrastructure de la diffusion culturelle.
La genèse de ce projet date de 2019, un appel à projet national a eu lieu dans ce sens. Ce dernier a été finalement confié à une équipe de cinq étudiants designers de l’École Art’Com Rabat. La concrétisation du concept a été assurée par Hicham Lahlou, designer marocain qui jouit d’une notoriété exceptionnelle au Maroc et en Afrique. Cela dit, le Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France a donné lieu à un travail commun entre les différents corps de métiers pour accomplir cette prouesse technique et artistique en mariant l’utilitaire et l’esthétique
Ce « Bibiotobiss » dispose d’une bibliothèque de plus de 300 livres, en langue française et arabe, d’un espace numérique et multimédia et de son dispositif Datacup, d’un espace micro-folies et d’un musée numérique pour faire découvrir de grandes collections muséales françaises et européennes. Sans oublier un espace cinéma et des équipements sportifs.
Le bus sillonnera, pendant toute l’année, les douze régions du Royaume, à raison de trois semaines par arrêt pour proposer des ateliers contes, lectures ou encore des séances de sports, animés par une équipe de médiateurs.
Ce qui nous interpelle, ce n’est pas l’originalité du concept mais l’esprit d’initiative qui insiste sur ce geste qu’on peut résumer en cette phrase « Un pas vers l’autre ». L’autre, l’oublié, ce grand absent sur la carte de notre politique culturelle. Celui à qui le droit à la culture est loin d’être accompli. Aller vers l’autre pour combler ce vide culturel et effacer cette fracture numérique.
Qui se souvient de la caravane du cinéma initiée par le Centre cinématographique marocain au siècle dernier ? N’est-il pas un pas géant pour démocratiser l’accès du cinéma dans un Maroc qui aspire à intégrer les citoyens dans l’ère de l’image ?
Il est de notre devoir aussi de saluer les efforts déployés par les instances qui s’occupent des affaires culturelles en termes de constructions des complexes culturels, des salles de théâtre, des centres culturels de proximité ainsi que les fondations et les associations qui font un travail excellent dans le domaine de la transmission des pratiques culturelles. Certes, ces efforts restent cloîtrés dans des zones bien déterminées. C’est pour cela que l’ingéniosité de ce projet est d’apporter de l’eau au moulin de la parité culturelle et artistique. Il nous enseigne que l’action culturelle est une machine qui doit marcher et qui doit bouger malgré les difficultés et les contraintes.
« La culture en marche » doit primer comme une action novatrice pour asseoir les jalons d’une action culturelle inclusive et pour tous.