Demain, c’est aujourd’hui

« Le monde de demain ne sera pas pareil qu’aujourd’hui »

Voilà une phrase qu’on ne cesse pas de ressasser dans les médias d’aujourd’hui. Une assertion d’une banalité ahurissante que les programmateurs de l’opinion publique essayent d’introduire dans nos têtes. Ces amoureux de slogans fallacieux, veulent nous impressionner par cet exploit inédit. Alors que la loi du temps est synonyme du changement. Merci à Héraclite, philosophe grec de la fin du VIe siècle av. J.-C, qui nous a déjà enseigné le contenu de cette phrase qui a résisté à l’usure du temps: « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve ». Ce monde ne peut déroger à ce postulat. Mais en ce temps de crise sanitaire qui s’est installée malgré l’arsenal préventif draconien des grands Etats. La ténacité de ce fléau mondial qui a rasé toutes certitudes en déclenchant le processus du changement d’une façon inopinée.

« Le monde de demain est déjà installé aujourd’hui », voilà un constat qu’on peut absolument défendre car les signes de ce lendemain sont en gestation dans nos quotidiens. La peur de l’autre et la distanciation qui se profile comme un hologramme d’une réalité à venir. Le spectre d’un univers où être ensemble disparaîtra de notre vocabulaire et de notre vie. Les images prendront nos places, nos voix, nos vidéos prendront la place de notre présence.

Nous vivons en ce moment l’émergence de tout un vocabulaire qui façonne notre monde et place cette charpente fantasmagorique d’une modernité frigide. Il ouvre d’autres perspectives aveugles. En ce moment, ils nous conditionnent en instaurant une aptitude à accepter une nouvelle condition de vie marquée par le contrôle des êtres humains car « L’ÉTAT D’URGENCE »– le mot suprême de cette ère chaotique – a donné lieu à des « répétitions de contrôle » comme disait Edgar Morin, pour instaurer par la suite un contrôle massif renforcé par la généralisation de la reconnaissance faciale par les caméras dépassant ainsi l’univers terne et poignant du roman « 1984 » de Georges Orwel.

Ceux qui réinventent le mot « résilience » sont amenés à le reconsidérer comme un acte d’acceptation et d’adaptation aux contraintes regénérées par La COVID 19. Cette dernière a affecté tous les secteurs de la vie économique et sociale. Il a fallu imaginer d’autres alternatives pour maintenir une économie en marche et on a opté pour le télétravail. Restez chez vous, puisqu’il y a les ordinateurs et que la massification relative à une dématérialisation des documents a pris un envol sans précédent et la floraison des moyens de communication en l’occurrence Zoom…. Restez chez vous, mais restez emprisonné dans un bureau virtuel chez soi où les espaces sont enchevêtrés. Le temps n’est plus fractionné. Il plane désormais sur toutes les activités autres. L’entreprise s’installe dans nos maisons avec toute la charge de pression censée rester au lieu du travail.

Les temps modernes gagnent du terrain sur le temps de l’homme qui aspire à la quiétude et au plaisir de vivre. Le temps de l’inquiétude est déjà là. Il grignote notre quotidien !