Gardiens de voitures autoproclamés: Une anarchie légalisée par le port d’un simple gilet et cautionnée par l’impuissance feinte des élus hantés par des objectifs électoraux

Depuis quelques semaines les habitants de plusieurs villes notamment à Casablanca et Rabat appellent à boycotter les gardiens de voitures qui sont devenus un véritable casse-tête quotidien pour les automobilistes. Les gilets jaunes marocains comme, on les nomme aujourd’hui, ont tellement proliféré qu’il est impossible de ne pas les rencontrer dans la plus petite ruelle, voire au bout d’une impasse.

Ce qui gêne aux entournures c’est qu’ils ne portent aucun badge apparent démontrant qu’ils disposent d’une licence ou d’une autorisation pour faire ce métier. C’est devenu un métier pour celui qui n’en a aucun, disent les Casablancais, car il suffit de porter un gilet jaune pour s’autoproclamer gardien et détrousser « légalement » les automobilistes.

Le ras-le-bol des automobilistes a atteint son paroxysme pour qu’ils finissent par lancer une campagne sur les réseaux sociaux contre cette escroquerie légalisée par le port d’un simple gilet sous le hashtag #Boycott moul gilet, ou encore ضد مول جيلي أصفر#. D’autant plus que la plupart de ces faux gardiens sont devenus très agressifs et n’hésitent pas à malmener les automobilistes et plus particulièrement les femmes.

Ce qui est encore plus aberrant, c’est qu’ils se placent sur des zones d’horodateurs gérés par la société de développement local « Casa- Développement ». Une anarchie totale qui ne dérange aucunement les élus de la mairie de Casablanca qui affichent un silence complice. A part une sortie, sur une vidéo, peu convaincante du vice-président du Conseil de la ville, ce phénomène gravissime n’est pas pris au sérieux par la mairie.

Mohamed Bourrahim en charge de la mobilité et du transport n’a rien trouvé de mieux que de demander aux Casablancais de porter plainte sur deux sites dédiés: casablancacity.ma ou chikaya.ma. Mais, c’est à la mairie de contrôler ce qui se passe sur son territoire surtout qu’elle est à l’origine de cette anarchie en accordant, à tout-va, des autorisations de gardiennage.

Encore faut-il que le Conseil de la ville précise sur quelle base juridique il octroie ces autorisations individuelles au lieu d’accorder des licences à des sociétés structurées. Certes les élus évoquent l’article 83 de la loi organique 113-14 du 18-02 -2016 qui fixe les compétences de la commune parmi lesquelles on trouve: « la commune gère la circulation, le roulage, la signalisation des voies et le stationnement des véhicules».

Comme par hasard l’article 39 de la même loi promulguée le 3 octobre 2002 n’évoque pas le stationnement des véhicules. C’est dire qu’il y a anguille sous roche et que cette rente dont les revenus ne figurent dans aucun poste de recette est devenue un atout électoral pour les élus. Pourtant le stationnement hors zone d’horodateurs est par définition gratuite mais il est, quand même tarifé, par les gilets jaunes.

Cette emprise sur les rues et ruelles contraste avec une taxe dite de contribution des riverains aux dépenses d’équipement et d’aménagement. A preuve, cette correspondance du  président de la commune de Ksar El Kebir à un citoyen qui se plaignait du harcèlement des gardiens de voitures l’informant qu’il n’a jamais autorisé personne à exercer dans ce domaine.

Autant dire qu’il n’y a rien dans la charte communale qui permet au conseil de la commune d’accorder des autorisations de gardiennage à des individus.  Ce qui est en vigueur dans une commune normalement constituée, c’est la licence qu’on octroie à des sociétés privées ou à une société de développement local.